Écrit par un auteur spécialisé dans l’univers victorien de Conan Doyle, le Piège de Moriarty nous met dans la peau d’un jeune inspecteur de Scotland Yard, plutôt amateur du célèbre Holmes. Celui-ci, très rapidement, le supplie de lui prêter main-forte en partant à la recherche de son ami Watson. Le jeune inspecteur Alec Mac Donald, sur les pas du Docteur, se retrouve bientôt enfermé dans le Piège de
Moriarty.
Les Escape Books
Si le lecteur est adepte des Escape Games, il sera en terrain connu. Modulo la manipulation physique (et une autre particularité que je ne spoilerai pas), les énigmes sont du même acabit que ce qui se fait en salle. S’il a autrefois goûté aux livres dont vous êtes le héros, il faudra qu’il se fasse à la mise en page particulière du système Escape Book des Éditions 404. Le système fonctionne mais nécessite pas mal d’allers-retours – et manque donc d’une meilleure implémentation des références aux pages. S’il est bien évidemment aisé de tricher, il faut aussi prendre sur soi pour ne pas laisser traîner ses yeux sur des réponses facilement divulgâchées.
L’intrigue
Tandis que Sherlock est affairé sur du grand banditisme, il a perdu son cher Watson et demande
discrètement à Scotland Yard un coup de main pour le retrouver. L’inspecteur Mc Donald est mis sur la trace de Moriarty et se lance, en quelques paragraphes, en quête du disparu. Très vite, il se retrouve
enfermé et se doit de visiter sa prison afin de résoudre un certain nombre d’énigmes. Mais c’est d’abord un personnage fort en contrastes qu’il apprend à découvrir. Et ces découvertes l’emmènent à la fois plus profondément dans le piège mais aussi vers d’autres interrogations.
Les énigmes
De difficultés croissantes, elles se révèlent parfois compliquées à gérer par manque de possibilités de
prendre un recul visuel sur la situation. Rien n’empêche de lire et relire les descriptions des pièces mais il arrive que cela ne suffie pas (au point de tester des combinaisons que la solution annonce évidentes mais sur lesquelles le lecteur titube). En revanche, le système permet d’adresser des découvertes purement narratives ou d’ambiance. Donc on se régale à en apprendre plus sur l’univers tant bien même on n’avance pas dans l’évasion.
La forme écrite
Cela étant dit, l’écriture manque parfois de couleurs – si on est plongé dans l’époque et le monde du
piégeur, le passage d’une pièce à l’autre se fait de temps en temps de façon brute. On sent bien que
certains passages sont écrits en mode « Nouvelle ». Et il y a un exercice également périlleux à gérer le Je du jeu. Cela fonctionne parfois très bien, avec de l’humour, tandis qu’il arrive de temps en temps qu’on prenne un peu de distance avec ce protagoniste qu’on est supposé incarner.
Enfin, l’auteur nous livre un ensemble d’énigmes écrites et expliquées de façon concise. Les faux-pas et les coups de pouce sont à l’avenant. Mais comme toute bonne affaire avec Sherlock, on est surpassé par le maître…