Georges est un metteur en scène de théâtre parisien, ancien gauchiste et « révolutionnaire » de mai 1968. Lorsque son ami Samuel, une victime juive des colonels Grecs, lui demande de monter une représentation d’Antigone à Beyrouth en plein pendant la guerre de 1982, Georges décide de tenter le coup.
L’idée était simple : « Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. »
Il se rend alors au Liban en pleine guerre et prend la réalité en pleine face : toute la violence de la guerre, si abstraite quand on la voit à la télé, lui apparait alors. Pour monter cette pièce de théâtre, il faut batailler avec les comédiens, chaque communauté voulant avoir le beau rôle. Il faut aussi apprendre à jouer ensemble malgré les rancœurs :
« Nous portons des masques de tragédie. Ils nous permettent d'être ensemble. Si nous les enlevons, nous remettons aussi nos brassards, et c'est la guerre. »
Georges tente désespérément de monter ce projet, il se trouve pris dans cette ville, dans cette guerre. Ce projet représente-t-il le dernier espoir de paix entre les différentes factions ou est-ce une terrible farce, futile de surcroît, pendant la guerre ?
Georges, qui prônait la révolution pendant Mai 1968 en France, est terriblement impuissant face aux atrocités de la guerre. On découvre avec Georges le quotidien de civils en zone de guerre : c’est dur mais terriblement bien décrit, pendant la lecture j’étais transportée à Beyrouth.
La construction du roman, qui place en parallèle la tragédie d’Antigone et le drame de la guerre, est très réussie. Parler de la mise en scène d’une pièce permet d’éviter trop de pathos, le récit ne se concentre pas uniquement sur la guerre et évite d’en faire trop.
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur assez concis et précis, qui rend bien l’urgence de la guerre.
Un roman qui m’a tout simplement époustouflée !