Oh, Nietzsche, ta mère!

Je me pose une question vis-à-vis de Nietzsche.

Du moins pas vraiment concernant le philosophe allemand lui-même (je suis sûr que c’était un bien brave garçon), mais disons, au sujet de ses adorateurs ou de ses aficionados, comme vous préférez.

Le philosophe semble être cité par bon nombre de gens comme une sorte de champion du monde des poids lourds de la philosophie. C’est le Mohamed Ali couplé au Mike Tyson de la philo le mecton à ce que tous les fans de philo-boxe racontent.

C’est bien possible, je ne connais pas assez son œuvre pour pouvoir en juger, tant Je n’ai, à peu de chose près, de goût que pour la fiction.

Mais j’aimerais dans ce cas qu’on m’explique pour quelle raison à chaque fois que je tombe sur un individu lambda qui se revendique de Nietzsche et que je fais l’effort d’écouter quelques minutes ce qu’il raconte (c’est souvent difficile de résister plus longtemps en ce qui me concerne) , j’ai toujours l’impression d’avoir affaire à un connard suffisant, voire, dans certains cas, carrément malfaisant, pérorant en se donnant des airs qu’il voudrait profonds, mais qui sont juste un peu risibles ou à tout le moins qui le font paraître ridicule ?

J’admet que je suis un type plutôt simple, raison pour laquelle ce sont les philosophes antiques qui trouvent grâce à mes yeux. Peut-être parce que leurs leçons sont plus pratiques que théoriques, et sont destinées à améliorer la vie de celui qui l’écoute plutôt qu’à se perdre dans le labyrinthe des considérations méta-physico-machin-truc qui me passent sans doute au-dessus de la tête, nous sommes d’accord, mais qui me paraissent par moment appartenir à une sorte d’auto-satisfaction coupable, à renfort de grandes auto-tapes métaphoriques dans le dos qui aurait plutôt tendance à me faire grimacer à la fois de dégoût, et de pitié.

Parmi les philosophes antiques, il y en a quelques-uns que j’aime bien: Sénèque, bien sûr, et pas mal de ses copains stoïciens. Les atomistes, aussi, tout ça. Mais mon préféré, c’est Diogène de Sinope.

Le mec en avait, mais rien à battre de tes conneries, il y a déjà plus de deux-milles-trois-cents ans. Il enchaînait les punchlines de malade tout en montrant sa teub à tous les passants et c’était encore lui qui avait le plus de dignité dans l’histoire, même quand il levait la jambe pour te pisser à la raie, comme on dit. Bref le cador quoi.

Mais pourquoi je vous parle aussi longtemps de tout ça au fait. Eh bien, pour vous dire que dès que j’entends un rhinocéros qui cite Nietzsche, je ne peux m’empêcher d’imaginer Diogène leur crachant un énorme glaviot, du genre bien vert et baveux à souhait, en pleine poire tout en disant un truc du genre: " Tiens, le surhomme, tu t’essuieras la gueule avec un mouchoir comme tout le monde". C’est sûr que ça calme.

Mais donc, oui, pourquoi y-a-t-il autant de tristes bougres qui me donnent envie de les frapper avec une violence mêlée de joie dès qu’ils ouvrent la bouche pour parler de leur moustachu préféré? Et alors même que toute personne avec un peu de goût et de culture lui préférera Freddie Mercury. Je dois avouer que j’aimerais beaucoup le savoir

Je lisais Martin Eden il y a peu de temps. Un chouette bouquin sur un marin mal dégrossi mais malin comme pas deux, qui va décider de s’éduquer afin d’embrasser la carrière d’écrivain et dans le même temps une petite gonze un peu bourge, mais pas dégueulasse. Et même là, alors que ce brave Martin, comme sa démarche, me plaisait bien, voilà-t-y pas que, tout d’un coup, il se met à devenir nietzschéen! Ah le con! Et évidemment, en l’espace de quelques chapitres, perd toute la sympathie que j’avais accumulée pour lui (ainsi que celle de Jack London qui avait décidé sans aucun doute, de charger la mule parce qu’il avait pas l’air d’être le fan number one de Nietzsche et ses groupies non plus).

Heureusement tout finit bien à la fin.

Non, il reste nietzschéen, mais de mon point de vue, ça finit bien.

Donc voilà, si vous avez une réponse à ma question, n’hésitez pas à me la communiquer, j’en serai heureux. Sauf si vous êtes nietzschéen, même très vaguement! (mais j’autorise tout de même ceux qui ont lu “Ainsi parlait Zarathoustra” à s’exprimer)

Dans ce cas, bouclez là, je vous en supplie. Pour l’amour de tout ce qui est bon, mauvais, ou au-delà, fermez-la! Parce que je ne suis pas convaincu que vous ferez mieux que tous vos prédécesseurs. Autant le dire carrément: je suis sûr que vous ne ferez pas mieux que vos prédécesseurs.

Ah oui, et ou sinon, le recueil de nouvelles de Peter S. Beagle est un ouvrage sympa ,tour à tour drôle ou touchant, et dans lequel le loufoque et le merveilleux se disputent la place d’honneur, mais qui reste un peu léger et inégal par moments.

6,5/10