Il est rare que je sorte d'un livre avec une impression aussi mitigée. Je n'arrive pas à savoir si je l'ai aimé ou pas. Je m'explique :
Le fond de l'histoire est passionnant, la société décadente décrite par Klein tout à fait vraisemblable. Mais mais mais j'ai lu il y a peu exactement le même genre d'histoire, écrit par Philip K. Dick, qui, disons-le clairement, est quand même un maître en la matière, et qui, tout premier court roman que ce fut (Loterie Solaire), m'a paru plus fouillé et plus abouti.
Ici on a un type qui passe sa vie à lire, qui se retrouve "tiré au hasard" pour devenir le "maître du monde". Ce qui m'a gênée dans tout ça c'est que ce mec, le rat de bibliothèque type qui a passé sa vie dans l'oisiveté la plus complète, a quand même des réflexes de super-héros quand il s'agit de survivre, il sait tout faire mieux que tout le monde, se révèle savoir tirer, être costaud et baraqué quand nécessaire, et j'avoue que ça m'a profondément agacée. Comme la psychologie du personnage (des personnages) n'est qu'effleurée, on ne connait pas vraiment sa personnalité et ses changements de statuts, de profession, de mode de pensée, voire carrément de constitution physique (faut voir ce qu'il fait pour sortir du Palais, à un moment) sont, eux, totalement invraisemblables.
Bref, c'est vraiment une impression bizarre qui me reste en refermant ce livre.
L'impression d'un livre écrit à la va-vite, pas vraiment relu ni corrigé (à un moment le gars cherche une bourse par terre dans le noir, la serre dans sa main en piquant une crise de nerfs, puis la "trouve" enfin... Hem hem hem...), pas vraiment abouti. C'est dommage, parce qu'il y avait un fort potentiel, et il y a quelques vérités bien assénées sur la société humaine.
Et je ne parlerai même pas de la fin qui est franchement rigolissime, de mon point de vue. J'arrive pas , là non plus, à savoir si c'était fait exprès, à dire vrai ce n'est pas ce qui s'en dégage...
C'est vraiment dommage, parce que les petits passages comme celui-là : "Voyez-vous, les sociétés comme les esprits des hommes, laissent se développer en elles d'étranges ulcères, s'altérer des régions entières, et elles évitent soigneusement de s'en rendre compte. Au bout d'un certain temps, elles laissent demeurer l'ordre établi, non parce qu'elles en ont besoin, mais seulement parce qu'elles refusent d'y toucher, fût-ce pour le détruire ou pour l'améliorer. Et, à la longue, les sociétés, comme les hommes, en meurent." y sont légions, et c'est tellement bien vu !