Alors vous connaissez sûrement déjà Arleston en tant que scénariste de Lanfest de Troy et ses univers élargis, mais également des naufragés d’Ythaq, Léo Loden et j’en passe. Il signe ici son premier roman à découvrir de toute urgence.
La ville portuaire de Slarance se découpe en deux parties : la haute ville avec ses dignitaires et la basse ville où grouille le peuple. Depuis quelques temps déjà un mal mystérieux frappe la population. Conscient que ses concitoyens encourent un réel danger Le Dynarque envoie ses meilleurs éléments enquêter. Le souci c’est qu’ils meurent tous les uns après les autres dans des circonstances étranges. Seule rescapée de ces sois disant accidents une novice, Zéphirelle, va devoir user de toute son ingéniosité et de la fougue de sa jeunesse pour séparer le bon grain de l’ivraie.
Dans le même temps Fanalpe, le chef cuisinier de l’un des ducs de la cité, s’inquiète de ce blé sans saveur qui inonde le marché et part en quête de la farine originelle qui redonnera du goût à ses plats.
Ce roman se lit d’un traite tellement le sujet est plaisant et bien mené. Si certains y voit la tutelle d’un Terry Prachett j’irai plus loin dans le temps pour retourner aux sources de ce roman. Il y a en effet pour moi tous les ingrédients déployés dans la littérature rabelaisienne. Tout d’abord ce goût pour la langue dont Arleston fait preuve dans cet opus. On se plaît à goûter les mots comme on se lèche les doigts après avoir dévorer une carcasse de canard ou d’oie eu égard à la couverture du roman. Et puis il y a les mille et une façons d’accommoder le rire du lecteur en commençant par les noms saugrenus dont sont affublés les personnages : on y croise la jeune Fiollulia aussi belle qu’insupportable, sa dame de compagnie Ploutre de Ferluche à la cuisse légère ou encore le Duc Plucharmoy de Jaluse à l’appétit insatiable. Rajoutez-y un soupçon de trivialité, une pincée d’ironie le tout saupoudré d’une satire sur notre société de consommation et le compte y est. On se régalera de l’illustration qu’Arleston fait de l’expression « l’amour est aveugle » aux dépens du pauvre chef cuisinier, mais aussi du traitement de la sorcellerie alchimique qui modifie la nature des grains de blé. Ça vous rappelle quelque chose non ?
Espionnage, fantaisie, rebondissements inattendus, bref une lecture qui fait du bien !