Le cadeau de Noel de ma belle-mère, que je m'étais promis de lire avant celui de cette année. Il était temps. "Le tunnel aux pigeons" n'est pas un roman de John Le Carré, ce n'est pas non plus une biographie ni une auto-biographie. Non, c'est un recueil de souvenirs, d'anecdotes devrais-je plutôt dire, qui s'enchainent en de courts chapitres, sans véritable logique ni chronologique, ni thématique d'ailleurs.
Ca forme du coup un patchwork, un peu décousu, qui alterne le bon et le moins bon, mais qui en définitive délivre une impression d'ensemble quant à l'univers personnel de John Le Carré. Il évite à peu près l'écueil qui aurait consisté à s'étendre trop longuement sur son travail créatif, même si l'on apprend, qu'à partir d'un certain moment, il a systématiquement voyagé sur les lieux de ses romans et rencontré en cette occasion des vraies personnes susceptibles de ressembler à ses personnages. Ce qui donne donc lieu, dans ce livre, à une anecdote pour chaque rencontre, comme celle par exemple avec Yasser Arafat.
D'autres anecdotes sont moins directement liées à ces romans : celles sur son père, gentleman escroc, à la fin, celles sur ses relations avec cinéastes (Pollack, Kubrick, Lang) et acteurs (Burton, Guinness), et, celle - bien plus glaçante - sur le ministre ouest-allemand Globke, qui légiféra en 1951 pour rétablir les fonctionnaires nazis dans leurs prérogatives d'avant-guerre et que leur soient restitués arriérés de salaire et de droits comme si la guerre n'avait pas eu lieu. Tout cela constituant une évocation pas inintéressante, mais inégale et décousue de la second moitié du vingtième siècle.