Poursuivons notre exploration régionale (et temporelle) des polars italiens.
Après la région des Pouilles visitée avec Gianrico Carofiglio, remontons vers le nord.
Entre Naples et Venise, entre 1940 et les années actuelles, entre le commissaire Ricciardi et le commissaire Brunetti, entre Maurizio de Giovanni et Donna Leon, il y a Florence, les années 60, le commissaire Bordelli et Marco Vichi.
Malgré toutes ces références à la Botte italienne, le commissaire Bordelli pourrait bien loger pas très loin du XIII° arrondissement d’Adamsberg : même si son côté fantasque ne vient pas tant du personnage lui-même que de ses fréquentations.
Une ex-prostituée comme bonne amie (un peu à la Pepe Carvalho), un chef cuistot qui a appris la cuisine internationale dans les geôles de différents pays, un inventeur fou amoureux des rats, un cousin qui préfère s’enfermer chez lui plutôt que de succomber au bonheur et se précipiter chez son amoureuse …
À 53 ans (en 1963) le commissaire Bordelli roule en coccinelle et pas en Fiat 1100 comme tous les italiens emballés, enthousiasmés et aveuglés par le miracle économique des années glorieuses de l’après-guerre, oubliant un peu vite les années noires du fascisme.
L’intrigue policière possède le charme délicieusement rétro des histoires d’Agatha Christie mais on s’y intéresse assez peu : l’enquête avance lentement au rythme nonchalant du commissaire qui se laisse porter par les événements et les rencontres.
Et tout comme l’auteur sans doute, on préfère s’intéresser aux amis du commissaire et au dîner qu’il leur fait préparer avec l’aide de son ami ex-taulard.
Pas mal d’humour, une écriture fluide et agréable finiront de nous convaincre que l’on tient là un excellent bouquin.
[…] « Toujours les mêmes questions : pourquoi Dieu permet-il le mal ?
L’histoire est-elle l’œuvre de l’homme ou possède-t-elle une force
autonome ? Et le temps ? Qu’est-ce que le temps ? – Avant que
j’oublie, voulez-vous venir dîner chez moi mercredi ? »
Comme il est souvent d’usage ici, on attendra la suite avant de décerner notre coup de cœur, mais nul doute que l’on reviendra visiter la Florence des années 60 en la charmante compagnie du commissaire Bordelli (cet épisode est le premier traduit en français d’une déjà longue série).