Voilà un ouvrage auquel je n’aurais pas pensé, n’étant pas belle-mère (seulement enfant de familles recomposées), si je n’avais pas été amenée à l’offrir.


Comme son titre et son sous-titre l’indiquent très explicitement, il s’adresse directement aux femmes qui ont refait leur vie avec un homme ayant déjà des enfants. Catherine Audibert fait le choix à mon sens discutable de s’appliquer à démontrer, par l’utilisation du vocable de « marâtre », à quel point la belle-mère est dépréciée dans l’imaginaire collectif.


Il s’agit à mon sens d’une première erreur. Rappelons qu’à l’origine, une marâtre est simplement la seconde épouse du père. Si Catherine Audibert s’appuie sur les auteurs de contes qui ont utilisé ce terme de façon dépréciative (telles les marâtres de Blanche-Neige et Cendrillon), elle oublie la quantité d’autres écrits, antérieurs et postérieurs à ceux-ci, où la seconde épouse, pour peu qu’elle s’acquitte au minimum convenablement des tâches liées aux enfants du premier lit, est nommée mère ou maman. Si l’inconscient collectif a chargé ce mot négativement, c’était bien pour avoir un terme permettant d’opposer la « mère suffisamment bonne » (qu’elle soit biologique ou non) à la mère pathologique (qu’elle soit biologique ou non également), non pour dénigrer les belles-mères. C’est en tout cas mon interprétation de la chose.


La seconde « erreur » de Catherine Audibert, c’est d’être issue de l’école freudienne, que je récuse totalement. Et, par conséquent, elle passe certaines attitudes et comportements par le prisme de la lubricité que le père de la psychanalyse a léguée à ses disciples. Parler de fantasme homosexuel latent entre l’ancienne et la nouvelle épouse, mais je trouve ça tellement absurde, dénigrant, salissant, et surtout, ça n’apporte tellement rien…


Voilà les deux points qui m’ont dérangée dans cet ouvrage. Quant au reste, l’auteure y rapporte, par le biais des expériences de sa patientèle, les difficultés courantes que peuvent rencontrer les belles-mères au quotidien. Et j’imagine bien que cette place ne doit pas être facile à occuper. Les belles-mères qui le liront pourront se sentiront probablement réconfortées de se sentir moins seules dans leur combat quotidien ; elles pourront peut-être également comprendre différemment les attitudes de leurs beaux-enfants, parfois présentés comme des persécuteurs ingrats, mais aussi comme des victimes collatérales de « LA mère », cette dernière étant toujours présentée sous un jour négatif. Comme si une séparation ne pouvait jamais se passer bien, du seul fait de ses pulsions d’emprise.


Je pense donc que cet ouvrage, s’il peut apporter du baume au cœur de certaines, est loin de présenter la neutralité bienveillante et la justesse des analyses que j’attendais d’une psychanalyste. Mais peut-être mes attentes sont-elles trop élevées, une psychanalyste n’en est pas moins femme, et peut-être même marâtre. Je laisse aux belles-mères le soin d’en juger par elles-mêmes, n’étant moi-même pas assez concernée par le sujet.

Créée

le 6 mai 2015

Critique lue 271 fois

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