Je dis "l'odeur" des pépins de pomme parce que l'héroïne a vraiment un odorat très, très, mais alors, très développé. Dès qu'elle entre dans une pièce, qu'elle se déplace dans un coin du jardin ou en ville, elle est assaillie de toutes parts par des odeurs de fruits, de fleurs, de plantes, de bois, de parfums de gens morts ou partis depuis un bon moment... Bref, on voit que l'auteur a bien suivi ses cours d'écriture créative et qu'elle a compris que pour écrire une bonne description il fallait utiliser plusieurs sens et notamment... l'odorat ! Sauf que ça m'a gênée dans ma lecture et que j'ai fini par trouver ça risible. J'ai entendu une éditrice un jour dire "une bonne plume sait se faire oublier" et je crois que c'est exactement le problème de ce roman : la plume est plutôt bonne, mais elle n'est ni subtile ni constante, et on la remarque à de trop nombreux moments.
Ce n'est, malheureusement, pas la seule chose qui m'a dérangée dans le style de l'auteur. Pour tout avouer, j'ai dévoré les premiers chapitres en m'extasiant devant certaines tournures et certaines délicatesses dans les descriptions et la narration. Jusqu'à ce qu'Iris rencontre Max et commence à cracher son venin à chaque phrase de dialogue. Sérieusement, c'est quoi son problème à Iris ? Le mec est plutôt gentil, attentionné, présent et j'en passe, et elle, dès qu'elle peut, elle lui envoie une pique, une vanne
(elle va jusqu'à ironiser gratuitement sur l'avortement de la sœur de Max quand Max donne des nouvelles de celle-ci !).
C'est de la drague niveau collège, quand on ne sait pas trop comment s'y prendre et que l'attaque reste encore le moyen le plus sûr d'attirer l'attention. Sauf qu'à 25 ans, généralement, on sait s'y prendre un peu mieux et on évite de rentrer dans le chou du mec qu'on veut pécho !
Tant qu'on parle d'Iris, ce pauvre personnage est tellement creux que le seul moyen de le faire exister c'était de le remplir des souvenirs des autres. Car sinon Iris c'est deux maigres points de caractérisation qui ont tenu en quatre lignes chacun : 1) elle est bibliothécaire et ne lit plus (et la raison pseudo-philosophique à la chose ne m'a pas convaincue) et 2) c'est une ancienne expatriée qui n'a pas su comment rester vivre en Angleterre sans se caser avec un mec qu'elle n'aimait pas vraiment (je rappelle qu'en Angleterre pré-Brexit et même encore en Angleterre actuelle, une femme célibataire peut envisager de s'installer dans le pays sans forcément passer par la case mariage blanc... Bon, là, j'exagère :) mais ce détail était au mieux inutile, au pire ridicule, et n'aide pas franchement à rendre Iris intéressante).
Enfin, toute la réflexion sur la vérité, l'oubli, le souvenir, etc. m'a laissée de marbre. Je n'ai pas trouvé ça fin, et aucune des phrases susceptibles d'être isolées comme belles citations sur le sujet ne m'a marquée. Pourtant je suis du genre à noter les phrases qui font réfléchir, les phrases qui laissent apercevoir des bouts de vérité universelle, mais là, ça n'a pas fait tilt. Je suis d'autant plus déçue que je suis justement très attirée par les histoires de nostalgie, de petites choses précieuses du passé et de la nature.
Voilà, et maintenant que j'ai vidé mon sac, je peux nuancer en disant qu'il y avait des passages tout de même très bien écrits, et que l'histoire se construisait au final plutôt pas mal autour des souvenirs d'Iris... Mais je m'attendais à mieux et à plus subtil pour un livre que certains articles de presse qualifiaient de "pur chef d’œuvre".