La défense du livre indépendant
Petit recueil de textes et d'entretiens élaboré par Éric Hazan, Le livre : que faire ? propose des mesures concrètes permettant d'améliorer la situation du livre indépendant en France. À l'opposé des publications des mastodontes de l'édition que sont Hachette livres et Editis, les livres indépendants (à la fois intellectuellement et financièrement) sont « difficiles – pas forcément à lire, mais à coup sûr difficiles à écrire, à éditer, à lancer, à vendre » et « résultent de bout à l'autre d'une activité artisanale1 ».
Tous acteurs du livre indépendant, les auteurs de cet ouvrage apportent, en quelques pages, une réflexion sur les fondements du système (sur le droit d'auteur et l'aide publique) ou des solutions concrètes sur l'édition, la librairie, l'aide et la lecture publiques, la diffusion, la distribution et le numérique. Puisqu'il semble trop long de résumer les huit interventions, l'accent est mis sur l'édition, les droits de l'auteur et l'aide publique.
Maintenir l'édition indépendante – André Schiffrin
« Le contrôle accru des médias et de l'édition par les conglomérats a des conséquences politiques et intellectuelles dangereuses. » Les accointances entre Nicolas Sarkozy et les patrons des médias, comme Arnaud Lagardère, Serge Dassault et Bernard Arnaud, le sont tout autant. Si la concentration permet d'accroître les profits, c'est aussi le moyen d'exercer une plus forte influence sur l'opinion publique. De fait, Serge Dassault explique avoir acheté Le Figaro parce que ce journal exprimait ses opinions, au risque de supprimer la liberté d'expression des journalistes en rédigeant lui-même les éditoriaux...
« Les deux tiers des journaux et magazines français sont aux mains de Dassault et Lagardère, les deux principaux fabricants d'armements du pays. Hachette, filiale de Lagardère, possède également une grande partie des maisons d'édition françaises et contrôle le réseau de distribution de la presse. »
Pourtant, le nombre de maisons indépendantes augmente en France. Parmi elles, Demopolis, Agone, La Fabrique, Le Temps des cerises, Raisons d'agir, luttent pour préserver leur autonomie politique et culturelle. De multiples alternatives à la concentration existent pour pallier aux problèmes du financement de l'activité : la location d'un local aux municipalités, la coopérative comme Orfront à Stockholm, les presses universitaires, le soutien de fondations et l'édition à but non lucratif qui, selon André Schiffrin, est la seule façon de continuer d'éditer sans compromettre la qualité intellectuelle des ouvrages. The New Press, l'association d'André Schiffrin fondée au début des années 1990, illustre la réussite du modèle.
Il propose également l'instauration d'une taxe sur les recettes publicitaires pour assurer la stabilité économique des médias qui tentent d'exister sans publicité. Pour soutenir les journaux et les éditeurs indépendants.
Valoriser l'auteur – Francis Combes
Francis Combes, éditeur au Temps des cerises, semble enfoncer les portes ouvertes lorsqu'il définit le droit d'auteur. Il soulève une question majeure, laquelle conditionne le financement de la création, sans toutefois exclure le débat du don de l'œuvre et celui de la gratuité. Le droit d'auteur, « c'est à la fois une avancée incontestable et précieuse de la liberté, mais une liberté qui s'identifie à la propriété et qui a les limites de la propriété bourgeoise ; c'est-à-dire une liberté en partie théorique qui se heurte aux conditions réelles de la concurrence et du marché, lesquelles ne sont jamais "pures et parfaites" ».
Comme l'auteur s'inscrit-il sur le marché de la création ? Pour Francis Combes, la rémunération de l'auteur est inégalitaire et injuste parce que calculée sur les ventes. Du strict point de vue de la « valeur d'échange » économique, le travail de l'écrivain n'a aucune valeur parce qu'il n'est jamais payé pour son travail.
L'éditeur, aussi traducteur et poète, propose plusieurs mesures, notamment une répartition des aides établie sur de nouveaux critères, une taxe au pilon et « un pourcentage de droits, même modeste (par exemple 1 %), sur les ventes des ouvrages qui appartiennent au domaine public, ce qui permettrait d'abonder un fonds géré de manière aussi mutualisée et démocratique que possible. »
L'intégralité de la critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/le-livre-que-faire-collectif-a80136714
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