Le miel
7.5
Le miel

livre de Slobodan Despot ()

L’idée de redescendre parmi les humains ne lui était pas venue à l’esprit.

Il est des pays où les autobus ont la vie plus longue que les frontières.
Le regard d’un trahi de l’histoire passe, léger, déchirant les pages d’un roman européen écrit avec le sang des siens. Trahi par son espérance, tourmenté par les aigles d’Occident, vaincu par l’utopie rouge sang, le Serbe goute le souvenir du miel du Mont Vélébit, Lethé sucré, voix de la paix et de la vie.
Chacun de nos gestes compte
Ouvrez ce poème, écoutez, les yeux fermés, l’épopée du miel. Un morceau de littérature européenne nous capture et nous entraîne sur les routes. Vesko traverse son pays comme visitant sa mémoire. Une étrange douceur, un curieux détachement, une profonde mélancolie. Se souvenir pour oublier, pour vivre enfin.
Un monde de pouvoir, de technique et d’illusion, à la fois immatériel et régnant en maître sur la réalité où il vivait.
En relief, par instant, des phrases brusques dénoncent, crient, pourfendent les menteurs et les tueurs, rappellent Jasenovac et Krajina de Knin enfouis dans le palimpseste mémoriel réécrit par les vainqueurs du jour. Dusan se distingua suffisamment par sa bravoure pour figurer sur la liste des criminels de guerre dressée par le camp d’en face.


Et son père auprès de ses ruches sur le mont Vélébit. L’idée de redescendre parmi les humains ne lui était pas venue à l’esprit.

A lire le très joli papier d’un écrivain admirable, Sébastien Lapaque, dans le Figaro.
À la fin, reste le bidon de miel autour duquel tourne toute l'histoire. Et un sentiment poignant, la «yougonostalgie»:«En un instant, comme à l'heure dernière, il revécut toutes ses vacances d'été vagabondes. (…) On était en Yougoslavie, un pays sûr, décontracté, prestigieux. On était non aligné, ouvert au monde entier. On allait partout, et sans visa.» La leçon du Miel est celle de l' Iliade. De retour de la guerre, on compte les morts, mais il est vain de dénombrer les vainqueurs. Il n'y a que des perdants.

Gallimard, NRF, 2104, 126 pages et seulement 13,90€ !
pikkendorff
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le 8 févr. 2014

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