Le miroir aux espions par Pelomar
Ce livre est très étrange. Il met beaucoup de temps a décoller, a un moment j'ai hésité a le lâcher... et puis il y a la dernière partie, et la fin. La fin de ce livre, c'est un peu comme se manger un mur en pleine face parce que la direction et les freins de votre bagnole ont lâchés : vous voyez arriver le mur de très loin loin, vous savez pertinemment ce qui va se passer et comment ça va se terminer... n'empêche que le choc est quand même foutrement violent.
Si vous avez lu ma critique de "L'espion qui venait du froid" (du même auteur), vous avez vu que j'y affirme que c'est un bouquin extrêmement réaliste. Et bon, dans sa préface du "Miroir aux espions", Le Carré me calme un petit peu : non, "L'espion qui venait du froid" n'est pas réaliste. L'univers l'est sans aucun doute, mais l'histoire est totalement imaginaire et même légèrement alambiquée. Et Le Carré de prévenir: "Le miroir aux espions", lui, est réaliste.
Et le réalisme, c'est pas glorieux.
L'histoire est simple: une division du renseignement militaire anglais (le "Service"), tombé en désuétude depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, va tenter de regagner sa gloire passé en prenant en charge une affaire de supposés missiles qui auraient été installés en Allemagne de l'Est.
Réalisme donc. Et bien le réalisme c'est une galerie de personnages tous plus pathétiques et à côté de la plaque les uns que les autres. Le réalisme c'est une paranoïa et une jalousie à l'égard des autres agences totalement démesurée. Le réalisme c'est un amateurisme complet et une absence totale de recul du a une trop grande nostalgie pour l'époque de la "guerre". Bref, c'est pas joli. Et si l'ouvrage patine un peu, Le Carré pose tranquillement son ambiance pour aboutir une fin inévitable, mais qui remue sacrément quand même.