Ni Greene, ni Le Carré, ni Ambler mais solide tout de même

Un roman d'espionnage qui prend place à Istanbul alors que la seconde guerre s'achève tout juste et que les services secrets américains et russes se mettent en configuration pour ce qui deviendra la guerre froide. "Le passager d'Istanbul" évoque d'ailleurs avec acuité des épisodes relativement peu connus de cette période, comme les atrocités commises par les fascistes roumains (alliés des nazis) envers les juifs de leur pays, puis l'évacuation des rescapés des camps vers la Palestine, alors occupée par les britanniques. Un fond historique solide et intéressant, donc.


La quatrième de couverture de l'édition de poche évoque Graham Greene et John Le Carré. L'époque comme le lieu pourraient également faire penser à Ambler. Comparaison un peu excessive toutefois, Joseph Kanon n'a ni la puissance évocatrice du premier, ni l'écriture inimitable du second, ni l'humour du troisième. Mais qu'il ne soit pas tout à fait au niveau des maitres du genre n'ôte rien aux qualités du roman. L'intrigue est soignée et rythmée, tortueuse à souhait, la paranoïa de l'espion est bien présente et l'évocation d'une Istanbul pluvieuse et au sein de laquelle les fastes de l'empire ottoman s'estompent est très réussie.


Si l'on ajoute à cela que le livre suinte littéralement la tristesse et la mélancolie, il s'en dégage en définitive une atmosphère très particulière. Qui enveloppe littéralement le personnage principal Leon (un brave anglo-saxon de base, bien entendu, on reste dans les conventions du genre), alors que l'époque change et qu'il va rencontrer son destin.

Marcus31
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le 29 déc. 2016

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