Nicolas Bouvier est un auteur suisse que j’ai découvert durant ma dernière année de matu (puisque Le Poisson-Scorpion était un livre imposé). J’avoue déjà que ça fait plaisir de lire des auteurs de la région, surtout quand ils ne courent pas les rues. C’est un livre que j’ai beaucoup apprécié analyser en classe (heureusement, pas trop non plus, car beaucoup de profs savent nous dégoûter rapidement).
Je viens de le relire sur un coup de tête et j’avoue que même si je me rappelais plus ou moins de l’histoire, je me rends compte que certains éléments m’avaient beaucoup marquée alors que finalement ils ne sont pas aussi présents que dans mon souvenir.
Dans Le Poisson-scorpion, nous découvrons Nicolas Bouvier lors d’un voyage au Sri Lanka. Il nous raconte son passage sur l’île dans laquelle il a dû rester plusieurs mois pour cause de maladie. Son voyage aux senteurs de cannelle, de citronnelle, de thé et de curry, aux effluves de thé dans une chaleur étouffante quelquefois agrémentée de la pluie des moussons, où se mêlent diverses croyances, magies, langues, religions et système de caste ne se passe pas comme prévu.
En effet, il ne sait trop pourquoi, mais il tombe malade et se retrouve alité, isolé dans sa petite chambre, en proie à des délires fiévreux et à la chaleur torride. La folie guette et il commence à ne plus pouvoir penser à autre chose qu’aux insectes qui partagent sa chambre. Ce petit peuple devient sa seule compagnie et les histoires qu’il s’imagine, une représentation de ses délires.
« D’un cancrelat sur le dos, autant dire qu’il est perdu et qu’il le sait. Il faut voir cet abdomen palpitant offert à la vigilance de tous les dards, pinces, mandibules, appétits qui mettent tant d’animation dans ce logis ; battement des pattes qui télégraphient des mélancoliques adieux, la panique convulsive des antennes alertées par le frôlement d’un rôdeur qui s’approche ou par le vol irrité de la guêpe ichneumon qui cherche justement un garde-manger pour y pondre ses œufs. Il y a plus de monde qu’on ne l’imagine dans cette chambre où je me sens pourtant si seul. [...] La vie des insectes ressemble en ceci à la nôtre : on n’y a pas plutôt fait connaissance qu’il y a déjà un vainqueur et un vaincu. »
J’ai beaucoup apprécié les pointes d’humour glissées au fil des pages, permettant d’amener un peu de légèreté à cette ambiance « plombante » (chaleur qui empêche de réfléchir, maladie qui oblige à garder le lit, solitude...).
Finalement, ce petit livre nous en apprend beaucoup sur le Sri Lanka et sur un pan du voyage qu’on ne met que rarement en avant : la maladie. Un sujet qui pourtant doit toucher beaucoup d’explorateurs et de voyageurs