On ne compte plus le nombre de romans qui choisissent de raconter une histoire à hauteur d'enfant. Le procédé, car c'en est un, a le mérite de dédramatiser les événements, d'injecter une sorte de naïveté et de recul, voire d'entraîner le récit vers des zones proches du fantastique. En même temps, cette écriture est très risquée, les mots et le style employés correspondant rarement à ce que l'on peut attendre d'un enfant, tant du point de vue du langage que de la psychologie ou du raisonnement. Certains auteurs ont réussi de vrais tours de force en la matière (Emma Donoghue dans Room) mais c'est loin d'être la majorité. Dans Le printemps du loup, Andrea Molesini confie donc à un garçon de 10 ans le soin de narrer une équipée périlleuse (le journal intime d'une adulte décrit aussi cette aventure en alternance, mais Molesini lui consacre bien moins de pages). C'est une fuite éperdue d'un petit groupe dans l'Italie du Nord, à la veille de la fin de la seconde guerre mondiale au contact de l'armée nazie, des déserteurs allemands et des résistants italiens. Une atmosphère de débâcle où la mort peut surgir à n'importe quel moment. Il était question de procédé plus haut et Le printemps du loup, malgré ses qualités, ne s'en affranchit pas. La poésie du roman semble forcée, les répétitions abondent et l'apparition d'un personnage imaginaire (le loup) ne fait qu'alourdir l'ensemble. La tragédie se transforme en conte, cruel certes, mais dont l'aspect réaliste semble avoir presque totalement disparu.

Cinephile-doux
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le 13 avr. 2017

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