Un regard froid et clinique sur la politique

Curieux roman que celui-ci.
Un jeune homme de retour au pays –la Côte d’Azur – veut aider son père à gagner les élections communales alors que Mitterrand s’apprête à conquérir la France.
Tous les ingrédients d'un bon polar de politique-fiction s’y trouvent : les notables et les nantis d’un côté, les caïds de l’autre, chacun se servant des autres à tour de rôle pour occuper une place de choix dans leur commerce respectif. Et puisqu’il est question de politique, ajoutons-y la corruption, le clientélisme, la trahison et le complot, voire l’assassinat.
Dense, touffu, foisonnant de personnages et d’anecdotes, ce roman avait tout pour faire un excellent ouvrage mais la sauce prend difficilement. C’est que ce jeune auteur de 22 ans fait montre d’un détachement surprenant sur l’humanité en général et d’un pessimisme absolu sur la chose politique – ceci dit, comment lui donner tort ? – mais son écriture s’en ressent. Il manque d’enthousiasme et ses personnages sont dénués de la plus élémentaire chaleur humaine. On finit par se demander s’il a même quelque empathie pour eux tant son regard est froid et distant, presque clinique.
Néanmoins, son écriture est d’une maturité absolue et d’une grande finesse - même s'il lui arrive de commettre quelques dérives bucoliques(3 pages sur le vent) -et il est réellement étonnant de voir un jeune auteur la maîtriser aussi bien.
Ce qui étonne tout autant, au cours de la lecture, c’est l’extraordinaire faculté qu’a Baptiste Rossi a raconter aussi précisément des événements qu’il n’a pas connu, puisqu’il n’était pas né et cet étonnement se transforme en admiration en imaginant le monceau de documents qu’il a dû compulser pour y arriver – y compris des archives tv car la description de Chirac, hilarante, à un meeting ne laisse pas de doute à ce sujet et on finit dubitatif en se demandant s’il n’a pas, finalement, passé plus de temps à se documenter qu’à écrire son livre ?
Quant à sa vision pessimiste de la politique au Sud, il n’y a aucun doute à avoir, celle menée au Nord, n’a rien à lui envier.

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le 16 févr. 2018

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