Un palpitant jeu de masques
Voici un roman qui captive de la première à la dernière page ! Il tient à la fois du drame familial et de la « detective novel » ; certains parleront aussi de littérature à sensation, dans le genre...
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le 17 juil. 2018
Voici un roman qui captive de la première à la dernière page ! Il tient à la fois du drame familial et de la « detective novel » ; certains parleront aussi de littérature à sensation, dans le genre de Wilkie Collins et d’Alexandre Dumas. Toutefois, comme pour tous les excellents livres, il est difficile de le réduire à un genre.
Le roman commence par une description du manoir d’Audley et par la présentation de ses habitants. Sir Michael Audley, baron riche mais vieillissant, est éperdument amoureux de sa jeune épouse, Lucy. Grâce à la générosité de son mari, celle-ci vit dans l’opulence, ayant pour seules occupations la toilette, les promenades et les divertissements. Il faut dire que, de l’avis général, lady Audley est la plus belle femme du comté. Avec ses boucles dorées et son regard d’azur, on la croirait tout droit sortie d’un tableau préraphaélite. Seule Alicia, la fille de Sir Michael, sait résister au pouvoir de fascination de sa belle-mère : cette femme frivole et matérialiste ne lui plaît décidément pas.
Tandis que la vie suit paisiblement son cours à Audley, George Talboys, parti faire fortune en Australie, s’apprête à débarquer en Angleterre pour retrouver sa femme et son fils. Malgré les richesses qu’il rapporte de son voyage, Talboys est tourmenté par l’incertitude : quel accueil lui réservera celle qu’il a délaissée trois ans auparavant ? A peine débarqué à Londres, il tombe par hasard sur un vieil ami, Robert Audley, qui n’est autre que le neveu de Sir Michael !
C’est ainsi que les destins s’entrecroisent et que l’intrigue prend forme pour notre plus grand bonheur. On suivra ces personnages pendant près de 500 pages avec un intérêt croissant. C’est qu’ils ont pour la plupart de terribles secrets à cacher. Lady Audley, qui ressemble au début du roman à une héroïne en règle, n’est pas tout à fait celle que l’on croit. Sa personnalité, ses manigances se révèlent au fil des pages ; ils constituent même le cœur du récit. Pour démasquer cette femme fatale et faire la lumière sur un meurtre, Robert Audley endosse le rôle du détective. Je dois dire que j’ai adoré ce personnage : son flegme, son excentricité et même son mauvais tabac le rendent à la fois attachant et atypique. L’affaire Audley est d’ailleurs, pour ce « doux parasite », l’occasion de révéler ses nombreux talents. Par amour, par amitié et par dévouement filial, l’avocat oisif se transforme en homme d’action terriblement perspicace.
Publié en feuilleton en 1862, ce roman a rencontré un immense succès, non seulement auprès du public, mais aussi auprès d’écrivains célèbres comme Thomas Hardy ou Stevenson. « Lady Audley » est le point de départ d’une belle carrière littéraire, puisque par la suite, Mary Elizabeth Braddon écrira plus d’une soixantaine de romans, ainsi que de nombreuses nouvelles.
Si vous êtes sensible au charme des atmosphères victoriennes et à la qualité de l’écriture, si vous appréciez le suspense, les rebondissements et les intrigues bien ficelées, alors ce livre est fait pour vous. A sa manière, c’est un chef d’œuvre, un vrai bon roman auquel je n’ai trouvé aucun défaut !
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Créée
le 17 juil. 2018
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