Jessica Leroy se retrouve désormais seule, son mari Alexandre s'est suicidé dans un motel sans aucune raison apparente. Jessica ne comprend pas, pourquoi a-t-il fait cela ? Pour l'instant, elle n'est qu'au début de ses peines. Au fil des pages, nous découvrons avec Jessica que son mari n'était pas ce qu'il semblait être, cet homme brillant, ce catholique Caennais qui a immigré en Amérique, patrie qui lui a tout donné. Jessica tente le tout pour le tout, avec elle, nous allons procéder à une cherche aux trésors, qui était-il vraiment ?
Au fur et à mesure de notre lecture, on en apprend plus, il n'était absolument pas Caennais, ses parents n'étaient pas ses parents. Nous découvrons la vérité par le biais de quelques poèmes, quelques bribes de sentiments que ressentait probablement Alexandre. Tout comme Jessica nous sommes bercés dans le silence, un silence profond, dur et froid, un silence éternel. Le silence est le lot de Jessica, cette nouvelle présence, celle qui remplace son ami, qui s'immisce entre elle et les autres, ses fils Phil et Lewis - fils cadet atteint d'autisme - John, cet ami qui aimerait plus et Samuel, ce frère jumeaux avec qui elle partagera un thé, le soir, au coin d'un feu.
Ce silence est là, dans toute l'oeuvre, tapis dans une obscurité pesante, noircie par le mensonge.
Ce qui m'a plu fût de retrouver la Seconde Guerre mondiale comme thème récurrent dans l'oeuvre, après ma lecture j'ai aimée en apprendre encore un peu plus même si, il faut bien le dire, les passages sur la jeunesse d'Alexandre sont très peu détaillés d'un point de vue historique. Vient s'ajouter l'idée magnifique des poèmes d'Armand Robin (extraits de Ma vie sans moi) qui seront des indices pour Jessica, de petits fragments de ce qu'était Alexandre aussi. Alexandre étant un mathématicien de génie, il est évidemment que les mathématiques ont un rôle crucial dans le déchiffrement de l'énigme du roman. Surtout que Jean-Guy Soumy n'est pas seulement écrivain mais également professeur de maths.
Le gros point fort dans ce roman, intrigue mis à part est le personnage. Contre toute attente, Jessica n'est pas celle qui m'a le plus plu bien qu'elle soit le personnage principal. Son personnage me paraît trop loin, trop incomplet aussi. Oui, la question est de savoir qui était Alexandre mais j'ai été un peu déçue de voir qu'au bout du compte, on apprend tout sur lui mais rien de plus sur elle. Nous avons quelques bribes, ici et là qui viennent lui ajouter une certaine contenance qui ne m'a malheureusement pas suffit. Eh oui, ceux que j'ai préféré sont les outsiders, Lewis et Samuel.
Dès le début, Lewis est celui qui m'a paru être le plus intéressant, le plus atypique. Pas parce qu'il est autiste, non, parce qu'il est dépeint avec une telle candeur, une telle précision cachée que je ne pouvais pas ne pas l'aimer. D'après moi, il est celui qui en sait le plus, je trouve que cela se sent dès le début, quand lui pousse l'idée de vouloir apprendre le yiddish. Il se révèle réellement lors du voyage en France, j'ai vraiment aimé ces passages où, au coin d'une pièce, on le croisait, toujours silencieux, toujours extérieur aux choses mais en réalité si sensible, si intelligent.
Samuel est un peu comme cela aussi, silencieux, calme, paisible, différent. Il est l'homme dans l'ombre, celui qui vit tranquillement dans sa ferme, qui a malgré lui tué Alexandre. Tout comme Lewis, je l'ai trouvé sensible malgré les apparences.
Le Silence est un roman qui s'écoute plus que ne se lit, un roman qui te murmure la réalité. Une bonne lecture malgré certains petits défauts, un moment de détente face à un style éblouissant qu'est celui de l'auteur.
Ma critique est en intégralité sur mon blog : http://allaroundthecorner.blogspot.fr/2015/06/le-coin-des-libraires-18-le-silence-de.html