Le silence par Tempuslegendae
Le silence est-il une réelle solution pour effacer les souffrances?
Dans l’appartement clandestin de son mari à Chicago, Jessica découvre une vie parallèle. Un passé inconnu et un frère quelque part en France, sur le plateau de Millevaches. Alexandre, brillant mathématicien, fils de boutiquiers caennais, grandi sur les ruines d’une ville meurtrie par les bombardements, tout cela est faux. La vérité, c’est Abel Rosenmann, jumeau de Samuel, génial (plus fort que brillant) mathématicien de l’ombre, né de parents juifs morts en déportation.
Il ne s’agit pas d’un énième roman sur cet épisode de l’Histoire. Plutôt d’une variation sur les vertus de l’ignorance et le désarroi de la souffrance. Jessica dénoue, peu à peu, les raisons de cette imposture. Car c’est ainsi qu’elle et ses fils conçoivent les silences d’Abel/Alexandre.
Jean-Guy SOUMY, lui-même professeur de mathématiques, construit son roman comme une équation rendue précisément insoluble par la multiplicité des inconnues, chaque début de solution étant avorté par de nouveaux paramètres de second degré. Judicieusement bâti, avec ces constantes dans l’œuvre du Creusois: un sensible portrait de femme et le poids des origines.
L’auteur des «Moissons délaissées» a quitté, depuis «Le Congrès» (ouvrage puissant), le registre du terroir magiquement évoqué à travers les évadés de la traite négrière, les «naveteaux» de la Vienne, les pionnières de l’Algérie de Bugeaud.
Un talent de conteur remarquable, et un efficace metteur en scène de la complexité de toute existence. Et, ici, une subtile résonance poétique avec l’œuvre méconnue d’Armand Robin, dont son héroïne est un exégète.
«Le Silence» est l’histoire d’un homme qui errait sur les ruines de sa vie.