Un fort plaisant récit d’aventures en pleine nature

Les jumeaux Tom et Luna, quinze ans, mènent une existence nomade et bohème au gré des activités saisonnières de leurs parents. Cette fois, la famille met le cap sur le Monténégro, où, accompagnés de leur guide serbe Goran, ils doivent descendre en raft l’impressionnant canyon de la Tara. Dès le deuxième jour sur la rivière, des tensions surgissent dans le groupe, bientôt frappé par un drame irréparable qui, aussi accidentel paraisse-t-il, pourrait bien s’avérer lié à une autre histoire bien plus vaste…


Le roman démarre sur une aventure sportive au sein d’une nature sauvage et grandiose, si superbement évoquée que me sont immédiatement venus à l’esprit les récits d’Edward Abbey, notamment dans son livre Un fou ordinaire. Le lecteur y est d’emblée happé par la sensation d’une menace diffuse qui ne va cesser d’entretenir le suspense. D’abord centrée sur les risques d’une expédition soumise à des périls naturels, l’angoisse va peu à peu évoluer vers un nouveau malaise, entretenu par quelques personnages aux comportements inquiétants, jusqu’à une plongée dans les noirs tréfonds de l’histoire des Balkans vingt-cinq ans plus tôt.


A l’âpre et imposante beauté de lieux isolés et sauvages va ainsi répondre le crime le plus barbare venu y chercher la discrétion. Très librement imaginée à partir de l’histoire d’un ancien Scorpion serbe extradé par la France en 2011, l’intrigue, si insouciante au début, mène peu à peu à la grave question des crimes de guerre, interrogeant sur la possibilité ou non, pour les bourreaux comme pour les proches de leurs victimes, de tourner la page et de reprendre une vie normale, une fois sonnée la fin du conflit.


Après Terres fauves, le précédent roman de l’auteur, l’on retrouve avec plaisir sa manière de mêler le nature-writing au thriller pour nous offrir une lecture agréable et addictive. Si Terres fauves pêchait à mes yeux par un certain manque de crédibilité, Le sourire du scorpion corrige nettement le tir sur ce point, même si certains personnages peuvent encore y paraître d’une finesse perfectible : ainsi ces deux adolescents incroyablement matures, ou cette mère démissionnaire dont rien n’explique vraiment ce qui la tient tant sous emprise. Au final, Patrice Gain nous sert un fort plaisant récit d’aventures en pleine nature, où le plus grand prédateur porte indéniablement figure humaine.


https://leslecturesdecannetille.blogspot.com

Cannetille
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le 6 oct. 2020

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