Dahlia, Fanny, Franklin et Rick vivent paisiblement, dans leurs maisons englouties, avec leurs parents et les quelques autres habitants qui sont restés avec eux. Pas comme Juliette leur ancienne baby-sitter qui a préféré quitter ce village inondé où l’on ne peut circuler que par des passerelles qui relient les maisons entre-elles ou en barque pour aller travailler. Et un matin, tous trouvent un bébé avec un mot d’excuse de Juliette. Les quatre amis décident donc de ramener la mère à son enfant et de se débrouiller seuls car leurs parents ne semblent pas disposé à les aider.


Éva Kavian, écrivaine belge francophone a travaillé pendant un certain nombre d’années dans un hôpital psychiatrique. Le thème de l’invalidité est plutôt récurrent dans ses écrits. Ce roman n’y coupe pas. Comme à son habitude, elle n’en dépeint pas un portrait qui les embellies, mais n’en fait pas une fatalité pour autant. Je qualifie d’invalidité tout ce qui peut aussi bien toucher le physique, que le mental, ou simplement individuelles et dont certaines peuvent même être classées ‘maladives’. « – Tu n’aimais pas le bleu ciel ? – J’ai pensé que ce serait plus joyeux en orange, pour le printemps. – Mais tu l’avais peint en bleu ciel il y a quelques jours à peine. – J’aime bien le changement. »
L’histoire se déroule en trois parties et est raconté par deux narrateurs. Narrateurs qui font partie du quatuor d’amis dont l’on suit les aventures. L’auteure raconte à la façon d’un jeune enfant les situations et sentiments. Le livre est du genre de ceux qui peuvent se lire à tout âge et dont la compréhension, appréciation se voient à chaque lecture changée. L’œuvre en elle-même n’est, en ce qui concerne ma personne, pas le récit du siècle. Pourtant, elle a de magique son univers. Ces personnages, ne sont pas exceptionnels mais attendrissants. Doit-on parler d’irresponsabilité, face à des adultes obstinés à rester vivre dans ces maisons envahies par les eaux ? Ou les admirer de continuer à s’accrocher à ce qui leur est essentiel ? D’ailleurs, il s’agit plutôt de cela. D’idées, de convictions profondes. Et toutes justifiées. Chacun à sa façon de penser, de ressentir et surtout de concevoir les choses. Et logiquement, pour soi, cette façon de réfléchir est naturelle, innée. Ce que l’on verra, n’est pas forcément ce que l’autre verra. Tout dépend, en grande partie, des informations que l’on possède à la base. C’est cela que le livre relate. Ce qui en théâtre est appelé le comique de situation. Chaque protagoniste à une version différente des faits et sa façon d’agir en fonction.


Enfin, malgré mon avis mitigé, presque indécise sur le contenu, cela reste une histoire mignonne dans la manière dont elle est racontée. « En second lieu on a détesté Juliette, qui abandonnait son bébé comme si on était dans un film. Elle était notre ancienne baby-sitter, ce n’était pas facile de la détester subitement. » Mais comme une pierre mal polie, on s’y attache.


Judith K. N. Schmidt


KAVIAN, Éva. Le trésor du village englouti. Paris : Oskar, 2018. 129 p. ISBN 979-1-0214-0674-2

KamwanyaNana
7
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le 14 avr. 2019

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