Relation épistolaire entre deux vieillards toujours fous amoureux, couple de longue date séparé par les aléas de la vie et les soucis liés à leurs âges respectifs.
Ce roman sans prétention mais riche de sens et lourd d'affect exprime tout ce que nous pouvons ressentir au fond de nous face à l'absence de l'être cher.
Face à la présence également des ceux qu'on aime mais moins que lui/elle, puisque les proches (enfants, etc.) ne consolent guère dans cette aventure qu'est la vie sans l'âme sœur. Nul ne peut comprendre et la solitude est bien pire parmi les autres, ceux qui croient savoir.
La prose est joliment écrite et les deux protagonistes délicieux de jeunesse et de fraicheur, à travers un amour riche d'années mais resté intact et presque juvénile.
C'est la chanson des vieux amants ? Peut-être, mais c'est si joliment exprimé qu'on ne peut qu'adhérer à moins d'avoir 12 ans et une gérontophobie déclarée.
Non vraiment, il faut être insensible à l'âme humaine, et à ce qu'elle comporte de meilleur (ou de pire), pour ne pas apprécier ce roman de Frédérique Simon qui a minutieusement fait ce travail difficile et ingrat qu'est compter l'amour d'autrui. En particulier l'amour du "troisième âge", sujet presque tabou dans nos vies actuelles.
"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé". Voici le postulat de base de ce roman, thème universel et capable - on s'en rend compte - de dépasser le temps, la maladie, la vieillesse qui s'installe et enfin l'éloignement et le geste irréversible qui plonge toute une famille dans le drame.
Jolie leçon pour notre monde où tout est consommable et jetable, regard impitoyable sur les dégâts que peuvent causer un amour inconditionnel et proche de la folie furieuse.