Leçon pour un lièvre mort par bilouaustria
Si Borges n'est plus, la littérature hispanique se porte bien, merci. Pour preuve, le roman-puzzle du mexicain Mario Bellatin, "Leçons pour un lièvre mort", fait de 243 pièces qui ricochent, résonnent entre elles et parfois se répondent. Des bribes d'histoires fantastiques, hyper inventives et cohérentes, qui rappellent par ce jeu de miroir l'œuvre du gaucho. On n'y distingue jamais tout à fait ce qui tient du réel de ce qui bascule dans le fantastique. Bellatin parvient à nous tenir en haleine avec ce roman mille-feuilles sur la mort et l'écriture dont les enjeux souterrains semblent émerger à mesure que les morceaux se recoupent. "Leçons pour un lièvre mort" a tout du petit livre-objet plaisant : écriture sobre et déliée, esprit torturé et fourmillant d'idées et structure qui impose au lecteur d'être tout le temps en alerte. Une tortilla de concision et de modernité.