C’est le cœur inquiet que je pose le livre. Trois soirées en compagnie d’un tueur constituent une épreuve dont nul ne sort indemne. Attention, le colonel Déodat du Puy-Montbrun n’est pas un serial killer, mais un soldat de métier, un guerrier, un héros.


Pupille de la nation, il devance l’appel en 1938, s’engageant à dix-huit ans et le bac en poche, pour « ne pas rater la guerre ». Mars lui en saura gré, la guerre ne le quittera plus. Il combat, est blessé et prisonnier. Il s’évade, rejoint la Résistance. Exfiltré à Londres, il est breveté parachutiste, formé à l’école des SAS et des « Jedbjurghs ». Une révélation, il sera commando. Il saute en France et se bat jusqu’à la Libération.


Il restera soldat. Il forme des commandos au 11e choc. Volontaire pour l’Indochine de 1950 à 1955, il collectionne les missions de contre-guérilla, dont 20 débarquements en zone rebelle entre juillet et décembre 1952. De 1955 à 1961, il rempile pour l’Algérie. Il pilote des hélicoptères, totalisant 3000 heures de vol et 45 évacuations sanitaire de nuit. Gravement blessé, il rentre en métropole. Il ne craint pas de témoigner en faveur des mutins et est mis d’office à la retraite. L’armée, qui se prépare à affronter l’Armée Rouge en Allemagne, n’a que faire d’un commando. Déodat ne peut plus faire la guerre, il la commentera, comme reporter pour Paris Match, puis dans ses romans, les 28 tomes de Camberra. Commandeur de la Légion d’honneur, il totalise 19 citations, un record. Les amateurs rétorqueront que Pierre Clostermann en reçut 29, mais l’aviateur tue de loin. Marcel Bigeard en compte 27, mais ce meneur d’homme tue par procuration. Seul l’adjudant Roger Vandenberghe et ses 18 citations tue, comme Déodat, à mains nues.


Dans Les chemins sans croix, un texte romancé, il est le capitaine de Saint-Gilles. Son rôle : débarquer de nuit sur la côte, s’infiltrer pour détruire, enlever, exécuter, se replier et courir vers les zodiacs. Aller là où nul autre être humain ne souhaiterait vivre. Seul, avec sa poignée d’hommes, perdu dans la jungle ennemie. Lutter contre l’instinct, la peur, la terreur. Se déplacer sans bruit, confier sa vie à ses hommes, pour la plupart vietnamiens, et à un guide, sur la foi d’un simple renseignement. Tuer ou être tué. Une guerre oubliée et sans merci. Une seule règle, acceptée par tous : ne pas laisser de prisonniers derrière soi.


Le court roman décrit la fin d’une mission, puis l’attente de la prochaine. Les sempiternelles conversations entre officiers. L’ennui, l’attente. Déodat est un pur, il ne boit ni ne badine. Il se souvient avoir été aide-de-camp de de Lattre. Il ne lutte pas pour les colons, mais pour le peuple Vietnamien et un idéal, celui de l’Occident démocratique. Il redoute le retour en France. Au détour d’une phrase, il avoue se sentir plus proche de ses adversaires, les Viêts Congs réguliers, que des colons, des civils et autres expatriés... Il s’équipe, la guerre l’appelle.

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le 6 déc. 2018

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Step de Boisse

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