Dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé, même si le style est moins impressionnant que dans ses précédents ouvrages et contient moins de phrases "accrocheuses", par leur beauté ou leur violence. Il y est question d'une femme (sans aucun doute l'auteur, qui excelle dans l'art de l'autofiction) qui vient de se faire quitter et qui va transformer cette rupture en roman, guidée par ce "monstre textuel" qui la malmène et la protège en même temps.


Dans ce court roman, Claire Castillon décortique de façon souvent fascinante le processus d'écriture, ce procédé à la fois vampirique et salvateur qui permet à l'écrivain de se nourrir de la réalité pour mieux pouvoir l'appréhender, la digérer, lui survivre. Elle met à plat dans une mise en abîme radicale et frontale sa méthode de travail, obsessionnelle, viscérale, organique, et fait rentrer le lecteur au plus profond de son activité créatrice, sans jamais s'épargner.


Assez proche du Lacrimosa de Régis Jauffret sorti en 2008 (dialogue permanent entre l'auteur et une voix venue d'ailleurs qui ne lui laisse rien passer, travail et interrogation sur la question de la retranscription de la réalité, multiplicité des versions et des angles de vue, difficulté à gérer la douleur, objet réfléxif, brutal et impudique sur le processus d'écriture, figure de l'écrivain malmenée), Les cris n'est pas mon roman préféré de Claire Castillon, mais il a souvent su trouver un écho très personnel en moi.

AlexandreAgnes
8
Écrit par

Créée

le 6 avr. 2016

Critique lue 90 fois

Alex

Écrit par

Critique lue 90 fois

D'autres avis sur Les Cris

Les Cris
CyrielleFarges
5

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Dans un livre j'aime être au courant, j'aime que les choses soient claires. Si l'abeille est verte il faut me dire l'abeille est verte, or, ici, c'est un flou artistique perpétuel. Il est difficile...

le 26 sept. 2015

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

54 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

50 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime