Fusion et fusillades
Une fois dit que Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley est un roman fort singulier, portrait d'une Amérique violente à travers des personnages attachants qui ont du mal à tracer une limite...
le 22 juin 2017
Une fois dit que Les douze balles dans la peau de Samuel Hawley est un roman fort singulier, portrait d'une Amérique violente à travers des personnages attachants qui ont du mal à tracer une limite entre le bien et le mal, à quel genre pourrait-on bien le rattacher ? Western contemporain, thriller sanglant, roman d'initiation, épopée familiale ? Toutes les définitions sont bonnes avec ce récit unique, foncièrement tragique si l'on s'en tient aux faits mais conté avec une énergie et un talent indéniables. Le livre est divisé en deux parties avec des chapitres qui alternent : le présent, pour Samuel Hawley et sa fille adolescente Loo, qui semblent enfin avoir posé leurs valises après des années de fuite et d'errance ; le passé, ou comment Samuel, voyou marginal, a reçu douze blessures par balles au cours de sa "carrière" de malfrat, tout en trouvant le moyen de tomber amoureux et de devenir père. Au-delà des péripéties, toujours renouvelées malgré le risque de répétition, Les douze balles est un roman sur la relation fusionnelle entre un papa et sa fille, nourrie par des tas de sentiments le plus souvent contradictoires. Il y est question de transmission, de culpabilité, de survie, d'ostracisme et de résilience. Hannah Tinti possède une plume remarquable, comme si elle avait retenu le meilleur de la littérature américaine et rend cette odyssée passionnante alors même qu'il lui arrive assez souvent de raconter des choses assez atroces. Il est évident que la principale réserve au sujet du livre concernera son rapport aux armes à feu et à l'usage fréquent qui en est fait. En particulier pour une jeune fille qui est y est initiée dès l'âge de 12 ans. Même si on ne peut accuser l'auteure de complaisance vis-à-vis de la violence, il apparait malgré tout qu'elle n'est pas le moins du monde gênée pour multiplier de longues scènes de fusillades, avec un luxe de détails inouï. Avec un aspect graphique dont la fureur est contrebalancée par un humour et une ironie permanentes. Peut-être qu'avec 6 balles dans la peau plutôt que douze, l'on aurait été moins enclin à pointer du doigt cet excès de poudre et de sang ?
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Créée
le 22 juin 2017
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