Hou qu’il est malin, ce roman ! Il commence par un banal flagrant délit : Robert rentre chez lui et surprend sa femme avec son meilleur ami, Max. Il ne prend pas ça bien du tout, mais les enfants sont là, les jumeaux sont encore petits et le quotidien est à assurer. Pas question évidemment qu’il dorme avec Julie, quand ça ne va pas, en général – et avec trois enfants des moments tendus dieu sait qu’il y en a -, il part en forêt, le temps de se calmer. Il rentre tard, se réveille tard, part bosser. Il se blesse. Le soir quand il rentre, il est toujours fâché mais moins, faut reconnaître. Julie est seule, il lui demande « Les enfants, ça va ? », elle répond « Quels enfants ? »… Premier twist de ce roman qui en comporte plusieurs et qui procède à la manière d’un effeuillage. On a toujours l’impression que tout est normal et très discrètement les choses ont changé, si calmement qu’on ne s’en rend pas immédiatement compte, ce qui est infiniment troublant et qui devient vite amusant. Peinture tendre de la vie contemporaine dans un Jura rural mais vivant, le roman explore les deux versants de la trentaine, les vies qu’on mène et celles dont on rêverait, avec de jolis accents de vérité mais surtout une farouche volonté de jeu amenant aussi des moments plus drôles, ou moins attendus disons. Le tout formant une boucle parfaite, un peu dans la manière d’un Antoine Bello (toutes proportions gardées).