Publié sur L'Homme qui lit :
Pour inaugurer sa nouvelle collection « La Bête Noire« , les éditions Robert Laffont publient le dernier roman d’Ingrid Desjours, la psychocriminologue reconvertie en écrivain à succès depuis que Sa vie dans les yeux d’une poupée et Tout pour plaire (ses troisième et quatrième romans) l’ont fait connaître auprès des lecteurs français.
J’ai débuté Les Fauves quelques jours après les dramatiques attentats parisiens du 13 novembre, et n’ayant pas lu la quatrième de couverture, les premières pages m’ont laissé un goût amer en bouche, un relent désagréable de déjà vu, comme un mauvais souvenir qu’on aurait préféré oublié et qui revenait lorsqu’il n’était pas invité.
Haiko est la fille d’une célèbre journaliste télévisée, elle-même journaliste de presse écrite, ayant décidé de vouer sa vie et sa notoriété à la lutte contre l’endocrinement islamique, en récupérant in extremis de jeunes candidats au djihad, repérés la plupart du temps sur internet, kidnappés avec l’accord de leur famille, et envoyés manu militari dans des centres de déradicalisation à l’étranger.
Celle qui met des batons dans les roues du groupe État Islamique devient naturellement la cible de fanatiques lorsqu’une fatwa est publiée sur internet à son encontre, lui promettant les pires souffrances. Pour se protéger, elle fera appel aux services de protection de Lars, un ancien militaire reconverti en garde du corps, pas tout à fait remis de sa période de captivité en Afghanistan.
Ces deux fauves aux caractères bien trempés s’accomoderont difficilement, et les difficultés commencent alors que les premiers mensonges de la jeune fille volent en éclat. Accusée de toutes parts, détestée même par ceux qui assurent sa sécurité, Haiko devra faire face à une tempête inédite dans sa vie, sa seule bouée de sauvetage étant Lars.
Écrit après les attentats du début d’année, Les Fauves est le thriller de l’après Charlie Hebdo, sorti dans les librairies quelques semaines avant le massacre des terrasses et du Bataclan, actualité qui en fait un objet littéraire difficile à appréhender, les plaies n’étant pas cicatrisées. Pour autant, on est plongé avec plaisir dans ce roman original au rythme haletant, où les flics ont laissé leurs déboires psychologiques aux anciens militaires. Si le roman est dans l’ensemble de bonne facture, bien écrit, le scénario devient un peu branlant sur la fin, et les dernières pages m’ont un peu déçu, sans pour autant gâcher la lecture, ni me faire renoncer à lire ses précédents romans qui sont déjà dans ma bibliothèque !