Un roman imparfait comme ses personnages
"Les imperfectionnistes" est une plongée dans la rédaction d'un quotidien international basé à Rome et dont les membres sont tous plus ou moins au bout du rouleau ou franchement à côté de leurs pompes.
C'est souvent assez drôle et ça reste captivant de bout en bout, grâce à la plume alerte de Tom Rachman, lui-même ancien journaliste. Du pigiste complètement paumé en pleine capitale égyptienne, au directeur de la publication qui se demande bien ce qu'il fait à ce poste, les aventures de ces hommes et femmes de médias comme les autres (ou presque) se répondent les unes aux autres pour former un instantanné mouvementé de la vie d'une rédaction à la peine. Chaque chapitre se focalise donc sur un personnage et les recoupements sont de fait nombreux.
Pourtant, si le rythme du récit est suffisamment maîtrisé pour que l'on ne s'ennuie pas, on regrette vraiment de ne pas vivre davantage le quotidien professionnel de ces survivants de la presse écrite. Car le gros problème du roman est d'accorder une place prépondérante à leurs problèmes personnels, qui souvent n'ont pas forcément grand chose à voir avec leur statut de journaliste. Du coup, ils pourraient être analystes financiers ou chauffagistes que ça ne changerait pas grand chose. Dommage.
Heureusement, chaque chapitre est introduit par un flash-back sur l'histoire du journal. Mis bout à bout, ces bonds dans le passé retracent plus de 50 ans de la presse écrite et ses évolutions.
Ca n'enlève rien à cette désagréable impression que le roman passe trop souvent à côté de son sujet.
L'écriture dynamique et les chapitres se rapprochant de "petites nouvelles" rendent tout de même la lecture de ces 420 pages très fluide et pas inintéressante, grâce à des portraits de personnages plutôt bien brossés. Pour un premier roman, ça mérite d'être salué.