Les Partenaires par Eric17
Les Partenaires est le dernier roman de John Grisham à être édité par les éditions Pocket. Son titre original est The Litigators et sa parution américaine date de 2011. La couverture de l’ouvrage nous présente trois hommes en costume de dos. Le bouquin se compose de plus de cinq cents pages. Son prix est 8,10 euros. Je me dois de vous préciser que je suis un lecteur fidèle de cet auteur. Je suis un grand adepte de ses thrillers juridiques. Sa bibliographie possède quelques titres célèbres comme La Firme, L’Affaire Pélican ou encore Non Coupable.
Les enjeux de ce roman sont présentés avec les mots suivants sur la quatrième de couverture : « Chicago. 7h30. A peine passé les portes de son cabinet d’avocats, David Zinc craque. Il fait demi-tour et se réfugie dans un bar. En fin de journée, ivre mort, il atterrit dans la plus minable officine juridique de la ville. Embauché à l’arraché, on lui confie la lourde tâche de porter plainte contre le labo pharmaceutique Varrick, soupçonné de vendre un médicament défectueux. Le dossier est mince. Seul au front, David engage un procès peut-être trop gros pour lui… »
Le fil conducteur de l’histoire est classique dans l’univers de John Grisham. Il s’agit de suivre un procès d’envergure à travers le point de vue d’un des deux camps. Ici, le conflit est pharmaceutique et le héros est un avocat qui décide de reprendre la main sur le cours de sa vie. A priori, l’intrigue ne propose rien d’original. Malgré tout, dans le cas où la trame serait bien construite, j’étais optimiste quant au fait de passer un moment très agréable dans la capitale de l’Illinois.
Cet ouvrage porte bien son nom. En effet, l’attrait principal de la lecture réside dans le trio formé de David Zinc et de ses nouveaux collègues. David est présenté au lecteur sur la quatrième de couverture. Mais cette dernière omet d’évoquer Wally Figg et Oscar Finley. Pourtant, ils participent activement au plaisir de la lecture. Ils tiennent un cabinet bas de gamme. Leur quotidien consiste à faire la chasse aux ambulances pour représenter les blessés et à gérer des divorces à l’amiable. Leur absence d’éthique et de professionnalisme fait peur. L’un d’eux se voit en roi des prétoires dignes des plus grands procès médiatiques. L’autre a du mal à sortir de son bureau. C’est donc cette équipe de bras cassés qui accueille leur nouveau collègue bien sous tous rapports.
Rapidement, j’ai compris que le propos s’orientait vers ce trio de Pieds Nickelés qui devait gérer un procès médiatique dont les enjeux se chiffraient en millions voire milliards de dollars. L’auteur avait ici donc deux choix scénaristique. Le premier voyait les partenaires se révéler et vaincre le grand groupe pharmaceutique. Le second les menait vers une défaite cuisante et humiliante. Grisham arrive à ménager la chèvre et le chou entre ses deux voies. Cet équilibre a attisé ma curiosité tout au long de la lecture.
Les poursuites contre le laboratoire apparait à certains moments très secondaires tant le personnage de Wally Figg occupe l’espace. Il est alcoolique en rédemption, a vu son permis de conduire suspendu, se fait passer pour un agent du FBI en utilisant une arme à feu… Bref, il est haut en couleur. Il fait partie de ces personnes qui fantasment leur vie. Figg voit avec ce procès l’occasion de rencontrer la gloire, de se mêler aux grands pontes de sa profession, les millions de dollars qu’il va gagner… Son optimisme excessif fait que rien n’est simple et tout est très vite compliqué. Wally parle beaucoup et souvent à tort et à travers. J’ai beaucoup ri en découvrant ses pérégrinations. Mais je comprends aisément que l’avoir comme collègue est un motif de démission et de dépression.
L’équilibre instable entre les trois partenaires est le réel moteur de la lecture. J’ai tout de suite ressenti de l’empathie à leur égard. Malgré leurs défauts et leurs différences de personnalité, j’ai pris un vrai plaisir à partager leur quotidien, leurs peurs, leurs gaffes ou leurs espoirs. Le fait que les trois protagonistes aient des profils aussi hétéroclites permet au rythme de la narration de varier d’une page à l’autre. Il n’y aucune routine. David est cartésien, mesuré et réfléchi. Oscar est bougon et blasé. Quant à Wally, c’est une pile électrique incontrôlable. Cela évite d’avoir une lecture trop routinière.
La conséquence est que l’intrigue judiciaire est finalement assez secondaire par rapport aux élucubrations des partenaires. Cela ne m’a pas empêché d’être très curieux de l’issue du procès et de la nature de son verdict. Néanmoins, le plaisir résidait davantage dans la gestion de la situation par les trois acolytes. Grisham n’a pas développé la trame juridique autant que dans d’autres romans. Ce n’était pas ici son propos. Il a décidé d’axer son histoire sur ses protagonistes. C’est un choix particulièrement respectable et que je ne regrette pas. La conséquence est que l’atmosphère de la lecture est beaucoup plus légère que dans la majorité de ses ouvrages dans lesquels la tension ou le suspense sont plus intenses.
Pour conclure, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. J’en ai rapidement dévoré les cinq cents pages. Le style de l’auteur se prête à une lecture aisée et prenante. Pour autant, il ne s’agit pas d’un de ses ouvrages les plus marquants. Il accompagnera parfaitement un trajet en transport ou une sieste sur la terrasse. Ce n’est déjà pas si mal…
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