L’industrie pornographie a les reins solides, on le sait, et elle se permet beaucoup, tant que le cul fait vendre. Et parfois, elle cherche l’inspiration pour ses galipettes ailleurs, dans le cinéma ou les séries télévisuelles.
Les pires parodies X sont souvent les meilleures en propose une large galerie, répartie dans la seconde moitié du XXème siècle et bien sûr très abondante avec les années VHS et sa production pléthorique. Les années 2000 et plus sont généralement oubliées, mais avec Internet les parodies se sont raréfiés, pour des tournages simples aux scénarios quasiment inexistants.
Ce livre d’intérêt public (oui!) nous dévoile quelques unes de ses réappropriations charnelles, tellement nombreuses que certaines ont été oubliées, d’autres sont des mythes tant que leur existence n’aura pas été prouvée. La préservation de ces bobines n’a jamais été une priorité, il fallait faire rentrer l’argent du beurre sur les fesses de la nouvelle crémière avant tout, et vite. Le livre est signé Jade Aurle et Jacques Fasse, des pseudonymes (et je vous laisse chercher le jeu de mot charmant) de l'auteur Claude Gaillard, bien connu pour sa culture du bis, du Z et autres sucreries cinéphiles exprimé dans plusieurs ouvrages, dont certains évoqués par votre serviteur. Il a pu profiter des collections de certains, mais semble jouir aussi d’une bonne cul-ture du milieu. Le livre ne propose pas d’entretiens des personnes impliquées dans ces parodies, c’est un peu dommage, mais il est rappelé que beaucoup ne désirent pas revenir sur une période de leur vie maintenant derrière eux.
Le livre est tout de même richement illustré, et c’est tant mieux. On ne peut qu’imaginer le travail accompli pour rassembler tous ces témoignages visuels d’anciens temps X. Les affiches promotionnelles les photographies de tournage et les visuels de VHS sont principalement utilisées, et donc assez peu de visuels trop explicites, provenant le plus souvent des territoires américains, français, allemands et italiens, un beau tour du monde du X. Certaines affiches peintes sont parfois très attrayantes, avec une belle naïveté coquine (The Ribaldd Tales of Robin Hood, The Erotic Adventure of Pinocchio, Sex World, etc.), tandis que d’autres visuels utilisent un érotisme plus frontal, quitte à être parfois ridicule (Penetrator, Erotic Attack of the Outer Space, Edward Penis Hands, etc.).
C’est parfois un peu vulgaire (oh ?), mal vendu, un peu bricolé, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ces productions, plus ou moins professionnelles et qui n’hésitent pas à mentir sur la marchandise. Certains noms parodiés n’ont parfois pas de lien avec le contenu, il s’agit de vieilles bobines réédités et re-titrés pour profiter de la dernière mode cinématographique. Ce sont des filous dans le Q.
Certains résumés de ces cassettes proposés ici sont d’ailleurs assez croustillants, on n’appâte pas les mouches avec du vinaigre. Mais c’est aussi l’écriture des deux auteurs qui amuse, rempli de petits jeux de mots, d’allusions amusantes, dans une saine et franche camaraderie. Elle est parfois un peu moqueuse, mais certains tendent la fesse pour se faire battre aussi, mais jamais méprisante ou arrogante. Les deux auteurs rendent ainsi un bel hommage à ces productions. Les bons élèves sont cités, ceux qui arrivent à proposer des parodies X de qualité tandis que d’autres se plantent mais s’apprécient comme des nanars.
Divisé en plusieurs chapitres, pour autant de sujets parodiés, tels que les séries policières, les westerns, les comédies, la liste présentée est longue, et il faut parfois aller vite. Quelques approfondissements sur des réalisateurs et acteurs et actrices célèbres du milieu pornographique sont bienvenus, témoignant du travail de recherche des auteurs, accompagné de quelques anecdotes. La découverte de la bobine de Bat Pussy est incroyable, une belle aventure. Le sujet du livre n’est pas une présentation de l’industrie pornographique, mais on aurait volontiers aimé la lire avec de tels auteurs. Mais peut-être qu’elle existe, avec d’autres noms de plume.
On ressort de la lecture amusé et fasciné, non seulement par les efforts des producteurs dans le plagiat cochon, mais aussi pour la diversité des films et séries qui sont passés sous leurs mains lubriques. Les grands classiques, pourquoi pas, certains ont leur petite réputation auprès des amateurs, tels que Star Babes ou Flesh Gordon. Mais il y a eu aussi Colombox, Dirty Sharry, Flash Pants, Indiana Joan, The XXX Files, Beetlejism, Who reamed Rosie Rabbit et tant d’autres encore, y compris les plus improbables (pauvre E.T...) avec, petite cerise sur le gâteau, même des parodies porno inspirés de hits musicaux, tels que Driller (oui, oui, Thriller de Mickael Jackson), Like a Virgin ou Lambada bestiale. Même si, attention, certains titres ne sont que des arguments, le contenu pouvant être bien différent.
Le contenu tourne la tête, les descriptions et parfois les affiches donnent envie de découvrir ces curiosités. Mais il ne doit pas être facile de les retrouver après toutes ces années, ni même peut-être d’endurer un visionnage complet. Le livre est tout de même vendu avec l’une de ces productions, La Playmate des singes, proposé en DVD, tandis que certaines ont parfois été éditées chez nous ou ailleurs, comme Revenge of the Virgins, western érotique, ou Driller.