Dans Les Quinconces du Temps, court roman de Hard SF spéculative de James Blish, l'action est sacrifiée au profit de longues discussions philosophiques et surtout scientifiques. Du reste, Blish nous prévient dès la préface : c'est un roman mineur et purement spéculatif, volontairement aride. Pour les non-habitués, l'expérience n'est pas désagréable, mais très déconcertante !
L'histoire de ce communicateur, capable de défier en 2091 les lois du temps en autorisant des communications instantanées avec n'importe quel point éloigné de la galaxie, cède bientôt vite la place au propos du livre : le futur est-il prédeterminé ?
Passé le prologue, les 11 chapitres du livre ne sont en fait qu'une suite de 11 dialogues dans des lieux clos, à 2 ou 3 personnes. Les amateurs de fiction en seront pour leurs frais. L'action est quasi inexistante, et le mélange avec les considérations scientifiques est déséquilibré en leur faveur. Blish est radical, il utilise les termes, les théories, les lois scientifiques en abondance. Quelqu'un de peu versé dans les sciences ne comprendra pas tout ! Mais Blish parvient à faire comprendre l'essentiel au néophyte, d'autant que le roman n'est pas avare en humour (souvent autocritique). Les protagonistes demeurent amusants, surtout par leur amour de la dive bouteille. On remarquera l'exotisme de ce futur où les communicateurs instantanés cohabitent avec des cabines téléphoniques de nos jours obsolètes !
Malgré une aridité assumée, cette étude dense sur le déterminisme donne envie de continuer à lire cet auteur fort ambitieux et rigoureux.