On pourrait disserter longuement sur le style magnifique de JS et son talent de conteur, sa capacité à décrire la vie avec perfection dans cette portion de l'Amérique exsangue des années 30. Tout est si bien tracé, si bien définit qu'il suffit de suivre le courant des phrases pour nager avec aisance dans ce récit merveilleux. Le lecteur est emporté au fil des pages, crescendo dans la douleur et la souffrance. Le livre lui même sent la sueur, la poudre et de la poussière se dépose sur les mains issue de la Terre mourante des pauvres paysans de l'Oklahoma et de l'Arkansas. Alors le cœur se serre, la poitrine se comprime et l'estomac se noue...si forts.


Oui roman merveilleux mais insoutenable !


Esclavage le pire qui soit puisque les familles ayant travaillées pour à peine manger sont libres, libres d'aller crever plus loin. Un animal qui a terminé son travail est nourri par son propriétaire mais pas ces gens. Ils sont exploités avec la plus extrême dureté par des propriétaires riches ou la banque insaisissable, sans visage et épaulés par une police le plus souvent locale corrompu et raciste. Bien sur l'ostracisme tient à la couleur de la peau mais avant tout c'est l'appât du gain qui guide la lie du Monde. ILS sont prêts et s'ingénient à tuer des noirs, des jaunes, des rouges mais aussi des blancs et bien sur par répercussion des femmes et des enfants. La plus belle invention du Diable l'argent fonctionne à plein rendement depuis la nuit des temps et le démon exige toujours plus de souffrances, plus de vies. La couleur, la douleur importent peu ce qui compte c'est se remplir les poches pour s'engraisser de suffisance. Il faut pisser du vin et chier de l'or ! Alors, tout se fait avec ordre et méthode. D'abord tuer des rouges car ils sont sur le sol convoité. Ensuite exploiter ce sol et continuer le massacre par une pression esclavagiste terrible et tuer des noirs ou des jaunes. Enfin l'esclavage est aboli alors il faut ruser, biaiser, combiner lobbies, politique, utiliser le puissant et surtout légal levier de la dette et encore tuer en affamant les familles poussées par l'exode du Dust Bowl. On presse, on presse pour faire couler le jus vert et rouge droit dans les poches immondes. C'est ainsi et Steinbeck raconte, raconte avec brio nous entraînant dans l'horreur de cette faille ontologique, cette condition humaine dégradante avilie et pleutre. Les Okies, les Arkis n'ont pas le choix ils essaient de s'adapter, de survivre mais combien rompus et vaincus par le sale argent finiront par crever seuls, désemparés et affamés dans une grange délabrée et couverte de poussière, cette poussière qui les chassa de chez eux. Nonobstant il restera toujours des hommes et des femmes qui se battront et permettront lentement de progresser vers un peu plus de justice.


John Steinbeck va son chemin sans aucune vocation sotériologique et peint avec des mots le visage de la misère et de la cruauté. En nous immergeant dans un Océan de désespoir inéluctable mais aussi de courage et de résistance sa photographie du rêve américain brisé est source de réflexion et d'enseignements. Nous ne savons plus rien de cela, nous avons oublié que notre confort bâti sur la tragédie et le combat est fragile. Actuellement, un autre exode massif et mondial du au réchauffement climatique se prépare. Qu'allons-nous faire ? Laisserons-nous, nous aussi couler le jus des Raisins de la colère ou pourrons-nous ensemble déguster ses grappes ?

SombreLune
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le 8 juil. 2020

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