C'est l'histoire du Dust Bowl et de la sécheresse, d'un déracinement et d'espoirs rigoureusement brisés par un système effondré, d'une odyssée imposée dans une mer de poussière et de goudron, de rencontres éphémères sous les tentes crasses et déchirées des 'Hooverville' égrenées aux franges des villes et de révoltes vaines. C'est ainsi la description parfaitement juste de tout le panel des émotions humaines.
Les journées de ces Okies ou de ces Arkies sont inlassablement rythmées par la course du soleil, les hommes qui vont chercher du travail pour récolter de quoi pouvoir, peut-être, manger le soir, la mère préparant pour la famille principalement du gras mélangé à de la farine.
Le style de l'auteur est limpide et fluide, touchant à une poésie légère dans sa concision ; quelques descriptions dépeignent à petites touches agiles les paysages de l'Amérique, tandis que les nombreux dialogues, en argot, donnent à ces petites gens toute leur consistance et toute leur humanité.
Comme toujours chez Steinbeck, la forte imprégnation du souvenir biblique confère à cette histoire une intemporalité qui, par-delà le poignant témoignage social la transmute en mythe moderne.
Mais, au fond, ce qui semble principalement intéresser l'écrivain, c'est bien les incessants levers du soleil, la lumière dorée qui teinte les champs de l'Oklahoma ou de sa Californie natale, le coucher qui étire à l'infini les ombres violettes et les étoiles qui pointent ; et après tout, en bas, il y a des hommes qui s'agitent futilement entre les deux, jours après jours.