Wait for Sugar !
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Dominer, être le premier et être imité ; suivre la mode et la lancer ; être démodé et risquer le ridicule et la déconsidération sociale, tout en étant conscient que cette exigence de luxe engendre la corruption et provoque la décadence morale... Quel fut le rapport des Romains aux modes ? Comment s'y sont-ils pris pour se distinguer par le renouveau d'un usage ?
Jean-Noël Robert explore différentes facettes de la mode : l'expansion du goût hellénique et l'opposition farouche que lui voua un Caton ; le vêtement comme art de la séduction ou témoin de la civilisation, qui, jusqu'alors signe de citoyenneté, peut devenir marque d'un esprit décadent (pensons à la description de César par Suétone !) ; la naissance de l'excentricité dans la coiffure et l'expérience de la beauté (vive le blanchiment de visage grâce aux excréments de crocodile...) ; la naissance du luxe et de l'opulence dans l'intérieur romain (maisons-musées, imitation d'architecture venue de Pergame) et ses jardins d'agrément (ah ! les jardins de Lucullus...) ; la spécialisation des esclaves ; la gastromanie exotique (talons de chameaux, langues de flamants, foies de scares, laitance de murènes...) ; l'évolution des manifestations festives ; l'engouement pour les cultes orientaux ; le développement de l'importation (soie chinoise, vins de Pamphylie, huîtres d'Ephèse, thuya d'Afrique, prunes de Damas, cuivre du Sinaï, jambons gaulois...) ; l'évolution de la vie et de la culture intellectuelle (voir sa naissance, après la prise de Tarente), la naissance du mécénat ; le développement de certains genres littéraires...
Se faisant, il nous tend un bien étrange miroir : comment ne pas reconnaître, dans certaines de ces passions subites (starification des cochers ou des acteurs, drapé de toge à reproduire, course au luxe), certaines dérives de notre propre société ? Si la mode ne concernait qu'une portion privilégiée de la population romaine, quand elle nous touche potentiellement tous aujourd'hui, on s'amuse à reconnaître des schémas familiers dans le cycle des béguins insolites qui s'emparaient de l'entourage de l'empereur.
Un excellent essai, que l'on aurait voulu abondamment illustré...
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Créée
le 20 août 2015
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