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Il y a au moins deux raisons de se réjouir d’ouvrir ce livre. La première, c’est le talent de Connie Willis pour donner vie à ses personnages, à ses villes et villages, à ses grandes fresques comme à ses moments intimes, et pour nous émouvoir, nous faire rire et nous faire pleurer. La seconde, c’est que ce livre est un recueil de nouvelles. De toutes les nouvelles primées de Willis, en fait. Or, la SF se prête particulièrement bien à la nouvelle (ou bien est-ce la nouvelle qui se prête bien à la SF ?). Tous les grands auteurs s’y sont essayés, le plupart du temps avec beaucoup de réussite. Et nombreux sont les amoureux de SF qui ont connu leurs premiers coups de foudre littéraires en ouvrant des recueils comme celui-ci.


Malheureusement, c’est surtout la déception et la frustration qui dominent en refermant cet ouvrage.


Ces nouvelles, écrites entre 1982 et 2007, sont présentées ici dans un ordre qui semble aléatoire, ou en tout cas dans un ordre dont on ne perçoit pas la logique. Certaines sont très courtes (quatre nouvelles d’une vingtaine ou d’une trentaine de pages), d’autres plus longues (cinq novellas, comme on les appelle dans le monde anglo-saxon, de soixante à une petite centaine de pages).


On espère retrouver tout ce qui fait le charme de ce format : une idée de génie, une fin surprenante, une dimension parallèle, un humour décapant, un dépaysement total, ou un traitement formel original, voire complètement délirant. Or, rien de tout ça ici. Soit les thèmes sont éculés (la fin du monde, la mort, la visite d’extra-terrestres, …) et sont traités de manière plate, édulcorée, conventionnelle et déjà lue ou vue cent fois. Soit les thèmes sont plus originaux (le délire des principes de la physique quantique à l’échelle humaine, la menstruation, …) et traités avec humour mais qui peinent à arracher un sourire. On n’est jamais surpris, juste un peu intrigué parfois, et toujours déçu à la fin.


Il y a également deux novellas consacrées aux sujets de prédilection de l’auteur. La première, intitulée Les veilleurs du feu (et qui donne son titre au recueil en langue française), met en scène un historien qui remonte dans le temps, à l’époque du Blitz, pour se joindre aux équipes des veilleurs de la cathédrale St Paul. L’action se situe donc juste avant les événements narrés dans Blitz, mais sans beaucoup d’intérêt.


La seconde, intitulée Les vents de Marble Arch, se déroule dans les couloirs et les stations du métro londonien, et évoque également les bombardements du Blitz. Très poétique dans sa conclusion, elle plaira surtout au lecteur amoureux de la ville de Londres.


Les trois autres novellas ne sont pas médiocres, mais présentent également un intérêt très limité. Tous assis par terre raconte la visite d’extra-terrestres avec qui il semble impossible de communiquer, et dont le dénouement est franchement décevant. Infiltration évoque un cas de possession plutôt amusant, mais là aussi, on reste sur sa faim. Et enfin, Le dernier des Winnebago nous parle d’un monde où la race canine a disparu à cause d’un virus mortel, et on se demande bien où l’auteur veut en venir.


Chaque nouvelle ou novella se termine avec un petit mot d’explication de Willis, qui ne fait que renforcer l’impression que le manque d’idées originales est le point commun de tous ces récits. Pour faire bonne mesure, on nous inflige également un avant-propos et trois discours à l’intérêt très relatif.


Pour goûter au talent extraordinaire de Connie Willis, préférez ses romans, qui figurent tous dans mes coups de coeur, plutôt que ces nouvelles fades et décevantes.


https://olidupsite.wordpress.com/2018/09/16/les-veilleurs-connie-willis/

OliDup
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le 16 sept. 2018

Critique lue 145 fois

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