Myriam Leroy dans « Les yeux rouges » qui est son deuxième roman s’inspire de sa propre histoire pour raconter le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.
Une journaliste, jamais nommée, répond par politesse à un message d’un certain Denis. Un quinquagénaire, sans histoire, employé administratif dans une compagnie pharmaceutique, époux dévoué et père exemplaire. Sans le savoir, sa réponse polie sera le début d’un enfer. Car cet homme, bien sous tout rapport, en veut plus, toujours plus… Les réponses laconiques et sporadiques de sa cible ne lui plaisent pas.
Dans ce roman suffocant, la narratrice ne se dessine qu’au travers d’agressions accumulées, de messages insistants où s’immiscent des propos misogynes, des photos montages obscènes.
Elle est seule face à cet harcèlement, ses amis lui disent de laisser tomber, de ne pas y prêter attention. Et même, certains, lui disent qu’elle a certainement fait quelque chose pour que ce type s’acharne.
Son corps finit par se rebeller, elle a de l’eczéma, ses yeux gonflent et rougissent. Elle est devenue un monstre.
Elle va chercher de l’aide et tout le système contre le cyberharcèlement va se révéler inefficace voire injuste avec l’héroïne. Au final la victime va se retrouver accuser, juger et même traiter de folle.
Cette fin est un véritable coup de poing. On le sait l’addiction aux réseaux sociaux est facile surtout quand on est journaliste, il est difficile de s’en passer pour se faire un nom dans le métier. On referme ce livre avec un sentiment diffus d’indignation et de sidération. On éprouve une forme de honte sociale de faire partie de cette société où se déverse impunément des insanités sur la toile...