Quels sont les véritables conquêtes d'un auteur incapable d'écrire ?
Quels sont les véritables conquêtes d'un auteur incapable d'écrire ?
Un écrivain raté entre dans la bibliothèque consacrée à Napoléon de son feu beau-grand-père avec qui il ne s'est jamais entendu. Il essaie vainement d'écrire un roman... Il n'y arrive pas ; l'impression que les livres se moquent de lui, comme son beau-père le faisait, l'en empêche. Alors, il tente de les lire... Mais va-t-il réussir à écrire une histoire ?
Il ne faut pas aimer Napoléon pour apprécier ce livre, mais il faut en moins savoir qui c'est pour savourer ce roman fort spécial à sa juste valeur. La présence du Grand Homme (qu'est Napoléon) est partout dans ce roman ; c'est le centre-même du roman, celui qui connecte tous les personnages entre eux. L'auteur raté à son beau-grand-père via la bibliothèque de ce dernier, un « acteur » qui joue un soldat (fort imbibé) de l'empereur, Napoléon lui-même. C'est dans ce sens fort original mais également déconcertant, tant on a peu l'habitude face à ce type de narration.
Avoir visité la Butte du Lion de « Waterloo Waterloo, water l'eau [...](p.61) » aide aussi à mieux comprendre l'humour de l'auteur belge qui est bien à part.
« [...]ils ont conçu exprès des marches infernales à grimper, pour qu'on souffre bien, pour qu'on commémore avec tout notre corps, nos genoux torturés, notre souffle court ; de même que l'étroitesse du passage nous oblige à verser dans la rigole, à nous humilier davantage, à revivre un peu plus l'horreur du drame qui s'est joué ici. (p.98) »
Le style de Nicolas Marchal, jeune auteur belge actif avec deux livres (La Tactique katangaise et celui-ci qui a été primé), professeur de Français, est particulier et fort déstabilisant ; sa façon d'écrire peut surprendre tant elle semble familière et orale. C'est comme s'il mettait par écrit tout ce qui lui vient à la tête. C'est assez troublant car souvent il n'y a rien qui connecte une phrase à une autre ; il passe du coq à l'âne sans qu'on ne comprenne pourquoi, même si on sent qu'il y a une logique, on ne la saisit pas forcément. C'est troublant mais c'est également neuf.
« Ma femme, elle me dit comme ça non non pas de problème, tu peux t'installer où tu veux, il y a assez de place, tant que tu ne bouges à rien [...](p.24) »
Il y a une mise en abyme, une mise en question sur le métier d'écrivain qui intéressera ceux ou celles qui aiment écrire et qui se reconnaîtront (comme moi).
« L'écrivain écrit pour attirer l'attention des autres, et pour leur laisser quelque chose, mais il ne peut y arriver que si les autres lui fichent la paix, le laissent bien seul dans son coin. (p. 108) »
Nicolas Marchal va-t-il réussir à conquérir le monde par sa plume, telle est la question que je me pose...