Les conquêtes véritables par Charlotte Renard
Une histoire et des questions pas toujours avec une réponse.
L'histoire des « conquêtes véritables » de Nicolas Marchal est une histoire banale d'un écrivain raté en quête d'écrire un livre sur la vie de feu son beau-grand-père, un homme qui était lui aussi à la recherche d'écrire un livre parfait sur Napoléon. En parallèle nous avons aussi le récit d'un soldat de Napoléon pendant les conquêtes de celui-ci. Le récit est assez banal sans grande richesse et assez même ennuyeuse. L'histoire n'apporte rien de bien concret au lecteur, et rien ne se passe très enthousiasmant. Mais ce qui importe plus dans ce livre, ce n'est pas vraiment l'histoire qu'il raconte mais bien les questions qu'il pose. En effet au cours du récit Nicolas Marchal, entre les lignes, on entrevoit des questions que se posent l'auteur dans en tant qu'écrivain. Par exemple « Napoléon pensait que les écrivains étaient les véritables conquérant du monde », « qu'écrire quelque chose c'est pour prouver au monde que l'on n'est pas un raté » ou encore « faut-il être un mauvais père pour être un bon écrivain ? » que l'on retrouve dans cette citation : « Cendrars qui égrenait ses mioches partout en Europe, sans les reconnaitre. Quand l'un d'eux venait à lui et tentait de l'appeler « père », il l'engueulait comme un chien. Il devait l'appeler Blaise ou rien du tout. C'est pas pour rien qu'il ira se tuer en avion, rien que pour que son vieux salopard le remarque [...] Céline qui se barre dès que l'on aime trop. Il parle de temps en temps de cette fillette qu'il a laissé quelque part en Bretagne, il ne sait plus bien où, accouchée d'il ne sait plus bien quelle épouse. Rimbaud qui, dans sa tentative d'arrêter d'être écrivain, c'est-à-dire d'arrêter d'être un enfant, n'aura pas réussi selon nos sources à donner son nom à un môme, bien qu'il soit probable qu'une de ses servantes noires, fut un soir d'ennui engrossée par ses œuvres [...]. Par contre, ses vers suent l'absence de son père à lui, officier d'Empire foutu le camp du foyer familial pour l'Aventure et les conquêtes. » (P.106-107)
Ce genre de questionnement généralement se retrouve dans une autobiographie de l'auteur après une longue carrière et non lors d'un premier roman. Cela ne devrait pas se retrouver dans un premier roman car il demande une certaine maturité pour répondre ou essayer d'y répondre. Cela montre que Nicolas Marchal se pose de sérieuses questions sur son métier en tant qu'écrivain mais manque énormément de maturité pour répondre. Mais néanmoins cela prouve que Nicolas Marchal n'est pas un écrivain de pacotille qui se surestime sur son style d'écriture et au contraire montre une certaine modestie. Bien que son premier roman ne soit pas un chef d'œuvre, il serait intéressant de suivre cet auteur et de voir son cheminement littéraire. Peut-être qu'un jour il réussira à répondre à ses questions.