Enfermés dedans
Voilà un sympathique roman qui possède un postulat de départ intéressant. Si la SF a déjà longuement questionné la problématique des intelligences artificielles, de l'humanité ou non des androïdes...
le 18 mars 2016
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Voilà un roman qui confirme qu'à mon sens, Scalzi fait partie des tout bons écrivains contemporains de S.F. Après s'être un peu enlisé dans la série "Le vieil homme et la guerre" (même si "Humanité divisée" marquait un rebond), il nous sort avec "Les enfermés" un ouvrage qui, s'il met en toujours en avant son thème de prédilection (la conscience d'un être humain se retrouvant hébergée dans un autre corps), le place également dans la droite filiation (subversive, j'entends) d'auteurs comme Spinrad.
Partant d'un événement fictif, à savoir une pandémie d'une sorte de grippe aviaire (bien plus méchante que la vraie, puisqu'elle coupe de tout contact avec le monde extérieur certains de ses survivants, qui deviennent donc des enfermés), Scalzi imagine avec beaucoup de brio ses conséquences sur la société étasunienne. Avec sa verve et son humour habituels, il passe à sa moulinette - dans le désordre et sans prétention à l'exhaustivité : le FBI, la place des handicapés dans la société, les avocats, le charity business, le basket et le super bowl, l'industrie pharmaceutique, le marché immobilier, les start-ups et les nouveaux entrepreneurs, la classe politique et le Président, les programmes de subventions fédérales, le sort des amérindiens, and so on, and so on...
C'est très finement construit, et à vrai dire, le lecteur arrive à croire que tout est plausible. On est presque dans la politique-fiction. C'est je crois Damasio, qui - dans une interview que j'ai vue il y a quelques temps - déclarait que la S.F ouvrait à ses auteurs des champs d'analyse sociale plus beaucoup larges que la littérature classique : "Les enfermés" en constitue une parfaite illustration, les analyses en question étant ici exprimées sur un mode léger, avec un humour à froid souvent dévastateur, qui les ne rendent pas moins intéressantes pour autant. Après, le roman se lit très bien, comme un polar. Il y a du rythme, des rebondissements, bref tout ce qui va bien.
Un petit regret tout de même : l'historique de la pandémie Haden, présentée sous la forme de divers témoignages de ses protagonistes, est placée dans le livre après le roman lui-même. Il s'agit peut-être d'un choix de l'éditeur et pour ma part, je suis convaincu que cela aurait constitué un excellent préambule à l'intrigue principale (du coup, on se contente d'un préambule assez minable de deux pages). Je me permets donc un conseil aux futurs lecteurs : commencez par lire "Libération : une histoire orale du syndrome d'Haden", cela vous fera une très bonne mise en bouche avant d'attaquer "Les enfermés".
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Créée
le 11 juin 2016
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