Première surprise de la rentrée, et pas des moindres. Jeune auteur haïtien, Makenzy Orcel rend hommage aux putains de Port-au-Prince, parties dans l'ouragan.
Une prostituée propose un marché à un écrivain : en échange de son corps, il doit raconter l'histoire de ces putains.
Pas besoin d'en raconter plus, de toutes façons, c'est assez court, ça se lit comme on sent une fleur, comme on écoute un poème, comme on regarde danser une ballerine, comme on touche de la soie. Avec plaisir, avec délectation.
Je pourrais utiliser une quantité astronomique de superlatifs pour vous raconter ma lecture et vous donner envie, mais je dirais simplement que c'est un récit très poétique, pas vulgaire, dont la prose semble bénéfique tellement on s'enivre de la lire. Et je me suis bien ennivré de la petite musique de Makenzy Orcel dont j'attends de découvrir un prochain roman !
Enfin : c'est magnifique. Vous savez, quand on insiste, qu'on espace chaque syllabe pour accentuer le propos : MA – GNI – FI – QUE !
« Cette nuit-là, c'était brusque et rapide. Si seulement ça te laissait le temps de t'échapper. Comment veux-tu, l'écrivain, que je comprenne ça ? Le destin a voulu que tu sois là aujourd'hui, dans cette pièce, en face de moi, juste à cette place où elle aimait s'asseoir pour lire, pour que tu rendes comptes de tout ça. Pour que tu la rendes vivante parmi les morts. La petite. Elle le disait souvent, les personnages des livres ne meurent jamais. Sont les maitres du temps. » page 108