Dans ce court récit (152 pages) situé ni dans le temps (les conditions de vies ne donnent que des indices peu précis), ni dans l’espace (même si la conclusion fait probablement référence à une légende chinoise), Yan Lianke évoque des paysans qui vivent dans des villages. Survient une période de sécheresse tellement dure que les villageois décident de chercher plus loin des conditions qui leur permettront de survivre. Un homme de 72 ans (l’aëul), préfère rester pour économiser ses forces et surveiller la croissance de son plant de maïs. Il aura comme seul compagnon un chien, animal aveugle par la faute des hommes qui ont quitté le village.


Tout le récit montre ce que l’homme entreprend pour survivre en milieu hostile. Survivre, c’est boire et manger. Les réserves qui lui restaient se révèlent rapidement insuffisantes. Il déploie des trésors d’ingéniosité pour s’en sortir. Mais, il lui faudra inéluctablement se déplacer pour chercher de nouvelles subsistances. Dans ses entreprises, il sera confronté à la sécheresse, la chaleur écrasante du soleil, ainsi que la concurrence des rats et des loups.


Ce qui frappe dans ce récit, c’est que la vie est au centre, même si c’est dans ce qu’elle a de plus primitif. Mais c’est très beau, car l’auteur va ainsi à l’essentiel. Aussi bien pour l’homme que pour les animaux, ce qui compte c’est de trouver les moyens de continuer à vivre. Pourquoi ? Tout simplement parce que rien ne vaut la vie.


Très important à mon sens également, puisqu’il est question de vie, c’est que celle d’un chien (même aveugle), compte à peu près autant que celle d’un homme. Le récit montre évidemment que l’homme est avantagé par ses mains et son cerveau. Mais, seul, il peut ne plus faire le poids face à une meute de loups ou une marée de rats affamés. Quant au chien, l’aïeul le traite d’égal à égal, menant un dialogue assez amusant. En effet, tout se passe comme si l’animal comprenait l’homme, se déplaçait comme s’il n’avait pas besoin d’yeux.


Et puis la vie, c’est ce plant de maïs dont le vieil homme surveille jalousement la croissance et l’état. En plein soleil, il lui faut de l’eau et de l’engrais, car cette plante c’est la vie et surtout l’avenir.


Dans un style épuré qui convient parfaitement à son intrigue, Yan Lianke va à l’essentiel. Cet auteur chinois contemporain captive, émeut, fait sourire à l’occasion et donne envie d’en savoir plus sur son univers. Bonne nouvelle, plusieurs de ses romans sont déjà disponibles en traduction française.

Electron
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les livres qui se lisent d'une traite et Lus en 2016

Créée

le 5 janv. 2017

Critique lue 369 fois

5 j'aime

Electron

Écrit par

Critique lue 369 fois

5

Du même critique

Un jour sans fin
Electron
8

Parce qu’elle le vaut bien

Phil Connors (Bill Murray) est présentateur météo à la télévision de Pittsburgh. Se prenant pour une vedette, il rechigne à couvrir encore une fois le jour de la marmotte à Punxsutawney, charmante...

le 26 juin 2013

114 j'aime

31

Vivarium
Electron
7

Vol dans un nid de coucou

L’introduction (pendant le générique) est très annonciatrice du film, avec ce petit du coucou, éclos dans le nid d’une autre espèce et qui finit par en expulser les petits des légitimes...

le 6 nov. 2019

79 j'aime

6

Quai d'Orsay
Electron
8

OTAN en emporte le vent

L’avant-première en présence de Bertrand Tavernier fut un régal. Le débat a mis en évidence sa connaissance encyclopédique du cinéma (son Anthologie du cinéma américain est une référence). Une...

le 5 nov. 2013

78 j'aime

20