À Chicago pendant la Grande Dépression, le vagabond Harper Curtis va découvrir une maison abandonnée qui a le pouvoir de le faire voyager dans le temps. En contrepartie, il devra retrouver et tuer plusieurs femmes qu'il surnomme "les Lumineuses" car, à ses yeux, elles émettent une lumière hypnotique. L'une des victimes, Kirby, survivra miraculeusement et mettra toute son énergie à retrouver le tueur.
On passe régulièrement d'une époque et d'un personnage à l'autre et le début de l'histoire n'est pas facile à suivre. Mais passé une cinquantaine de pages, quand l'intrigue est bien installée, c'est un régal. Le rythme est assez lent et il y a peu de scènes d'action mais l'ambiance et l'aura de mystère sont telles qu'on veut toujours connaître la suite. Et le concept du voyage temporel, bien exploité, nous promet quelques surprises, mais je n'en dis pas plus...
Lauren Beukes a une plume très agréable à lire et les pages défilent sans qu'on s'en rende compte.
Les personnages principaux sont très différents. D'un côté, Harper, le tueur froid et insensible, est plus illuminé que ses victimes. Il est à moitié fou, mais encore suffisamment rationnel pour en devenir dérangeant. De l'autre, Kirby est une jeune fille déterminée, qui transforme son traumatisme en force motrice. Elle est très attachante. Sa relation avec Dan, le journaliste, est touchante sans tomber dans la miêvrerie.
Les voyages dans le temps sont un bon moyen de nous faire découvrir 70 ans d'histoire des États-Unis. On suit également l'évolution des mentalités américaines avec un éclairage particulier sur la conditions des femmes. L'émancipation, le droit à l'avortement, entre autres, n'ont pas toujours été de soi pendant une bonne partie du XXème siècle (et même de nos jours...). Cet aspect "documentaire" ajoute un intérêt supplémentaire à l'intrigue.
Les Lumineuses est une belle surprise de fin d'année, et j'ai bien envie de découvrir d'autres romans de Lauren Beukes.