Fin 19ème, nous assistons aux derniers jours d’un bagne pour enfants, tels qu’il en existait à cette époque. Le prologue nous plonge directement dans l’ambiance d’une ruralité cévenole âpre et rapidement nous prenons conscience de l’horreur qu’il y avait à se retrouver dans ce genre d’établissement. Les enfants survivants sont sous alimentés, battus, exploités, abusés. On comprend alors pourquoi tant d’entre eux décédaient dans l’année qui suivait. Chaque ouverture de chapitre débute par un extrait tiré du registre d’une maison d’éducation surveillée, quand la réalité vient renforcer la fiction, cela m’a beaucoup touchée. Dix-sept ans après la fermeture du bagne, des événements viennent réveiller les mauvaises consciences. L’auteur installe patiemment et très efficacement une montée en tension qui nous laisse interdits. Le climat se détériore, chacun épie son voisin et les rumeurs rejaillissent menaçant l’équilibre de tout un village. Les habitants qui sont pour la plupart d’anciens employés du bagne ne tardent pas à penser que les enfants reviennent réclamer vengeance et que le diable n’est pas loin. La galerie des personnages est impressionnante, on apprend à connaître leur vie difficile, la pauvreté, le manque d’éducation, les superstitions tout ce qui a pu en faire des êtres taiseux et durs envers eux-mêmes comme envers les autres. Cela n’excuse en rien les actes commis. Alors préparez-vous à lire des passages très durs, des scènes qui resteront gravées sur votre rétine, le style de l’auteur est très visuel et j’ai souvent été au bord de l’écœurement face à cette réalité sordide. Les chapitres sont courts et je voulais absolument savoir ce qu’il adviendrait de Blanche, un des personnages les plus attachants. Cela m’a aidé de savoir que le début du roman commence sur la fermeture de cet établissement maudit mais il n’en reste pas moins que cette maltraitance sur des êtres que nous adultes sommes censés protéger est révoltante. Un roman noir et rude mais nécessaire car il soulève un pan méconnu et honteux de la république. Bonne lecture.
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