… meurent quand on les déracine et replante ailleurs".
"Les menthes sauvages sont la suite, en 1985, du roman de Christian Signol "les cailloux bleus".
On avait quitté Philomène à la fin de la Grande Guerre. On la retrouve ici jusqu'à la fin des années 50.
C'est la même femme devenue mère de famille qui cette fois a un rôle central de "mater familias". Elle est le trait- d'union entre son mari Adrien et ses enfants puis ses petits-enfants. Elle est surtout le cœur qui bat de cette famille dont les enfants vont peu à peu s'éloigner car, sur ce plateau quercynois, ce Causse, aride en été, glacial en hiver et pierreux à toute saison est dur et ingrat à travailler.
Mais c'est aussi une femme qui résiste obstinément à l'exode rural même quand sa santé est chancelante et que sa fille veut l'emmener.
"Si tout le monde s'en va, moi, je resterai"
Pour quoi faire ?
Pour vivre avec mes brebis, mes terres, mes bois…
... Et mes morts."
Cependant, si je compare les deux livres de la saga, indéniablement, le premier tome est beaucoup plus puissant. D'abord parce que Philomène est en construction et que les épreuves qu'elle traverse sont terribles. Dans "les menthes sauvages", il y a aussi des passages très forts (sous l'Occupation, notamment ou encore les belles pages concernant la maladie de Louise) mais le personnage est désormais construit et la vie s'écoule plus tranquillement avec les bonheurs apaisants qui viennent compenser les malheurs ou les morts.
Alors, on peut se demander "fallait-il ce deuxième tome ?" Mon point de vue est oui, certainement car il est en perspective au premier tome et donne quelques clés de compréhension à la question de ce fameux exode qui ne se produit qu'au vingtième siècle alors que tout semblerait s'arranger (un peu). Pendant des siècles, la vie sur le causse était dure et âpre et s'apparentait au servage. Pourtant, les paysans s'accrochaient à leurs terres.
Et puis quel plaisir de voir cette femme admirable et courageuse, notre ancêtre !, prendre le bonheur quand il arrive.