Ces films des années 1970 constituent un sous-genre controversé du cinéma d’exploitation, mêlant horreur, aventures et choc visuel. Inspirés par le succès du mondo italien – des documentaires sensationnalistes montrant des coutumes exotiques – ces films exploitent la fascination et la répulsion envers des pratiques anthropophagiques supposées de tribus isolées.
L’un des premiers films marquants du genre est Il Paese del Sesso Selvaggio (1972), réalisé par Umberto Lenzi, également connu sous le titre Man from Deep River. Ce film, influencé par Un homme nommé Cheval (1970), pose les bases du genre en mêlant survivalisme et confrontation entre civilisation et sauvagerie.
C’est toutefois Ruggero Deodato qui, en 1977, popularise véritablement le genre avec Ultimo Mondo Cannibale. Mais c’est en 1980 que son film le plus célèbre, Cannibal Holocaust, marque un tournant. Présenté sous la forme d’un found footage, ce film choque par ses scènes de violence extrême, notamment des meurtres et des mutilations (parfois réels, concernant des animaux). Son propos critique sur le voyeurisme et la barbarie des « civilisés » le distingue de ses concurrents.
D’autres réalisateurs suivent la vague, notamment Sergio Martino avec La Montagna del Dio Cannibale (1978), et Jesús Franco avec Mondo Cannibale (1980). Ces films partagent des éléments communs : jungles hostiles, ethnies fictives caricaturées, explorateurs occidentaux corrompus et des scènes de torture graphiques.
Ces œuvres sont vivement critiquées pour leur racisme, leur exploitation des populations indigènes et leur cruauté envers les animaux. Plusieurs furent censurés ou bannis dans divers pays. Toutefois, ils influencent encore le cinéma d’horreur moderne, notamment The Green Inferno (2013) d’Eli Roth.
L'ouvrage de monsieur Bastié revient sur ces produits en les commentant avec objectivité. Ici, l'idée n'est pas d'encenser mais de restituer ces films dans leur époque, avec un marqueur objectif des mentalités.