Original, prenant, frustrant. Le premier roman du mexicain Yuri Herrera, enfin traduit en français (il date de 2003), est un conte médiéval chargé d'allégories pour décrire la réalité du Mexique d'aujourd'hui, celle des narcotrafiquants, barons de la drogue, dont certains sont devenus des héros populaires avec des aventures complaisamment déclinées dans des romans policiers tout à leur gloire. Dans Les travaux du Royaume, nous trouvons donc L'Artiste (le trouvère), Le Roi (le chef du cartel), L'Héritier, La Fillette (la prostituée), Le Joaillier, Le Traître, Le Journaliste, La Sorcière, Le Gringo ... bref, toute une cour des miracles qui chante les louanges du seigneur, quand elle n'intrigue pas contre lui, lequel, entre deux bacchanales, offre des cadeaux à son peuple, renforçant son image de protecteur des pauvres. En moins de 120 pages, Yuri Herrera pastiche avec verve et ironie les us et coutumes de ce microcosme mélangeant tradition narrative du Moyen-âge et événements on ne peut plus modernes et violents. La fable est transparente, soit, mais la greffe prend dans ce court récit (moins de 120 pages), témoignage accablant d'une société dominée par des règles sanglantes, par les relations équivoques entre artistes, journalistes, politiques, etc, et mafieux tout puissants. Bel exercice de style qui laisse un peu sur sa faim à cause de sa brièveté et donne envie de lire le deuxième roman de Herrera, qui évoque l'immigration clandestine vers les Etats-Unis, publié en 2009 au Mexique. Vite, une traduction !

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le 13 janv. 2017

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