Les parallèles ne sont pas faites pour se croiser

C’est l’histoire de vies qui se croisent et qui n’auraient pas dû. C’est l’histoire de mondes qui s’ignorent mais qui vont devoir se supporter le temps d’un chantage, à cause de la découverte fortuite d’une vieille photographie.
(Photo qu’on aurait souhaitée plus énigmatique mais que l’indélicatesse de l’éditeur nous fait découvrir dès le quatrième de couverture ! Rien ne dit que, sans cela, le récit aurait gagné en qualité mais en découvrant son contenu tout en fin de livre – tel que l’a voulu l’auteur – l’intrigue aurait certainement gagné en mystère. )
C’est un roman tiroir dont chaque chapitre est consacré à un personnage qui va venir, peu à peu, éclaircir ou pas, c’est selon, l’intrigue. Il y a le banquier belge, son Fondé de pouvoir dévoué, deux chiffonniers désœuvrés et alcooliques, un émigré congolais au passé louche, une mère célibataire au bord du désespoir…Tous, tour à tour, vont venir s’engluer dans cette toile, tirant derrière eux le fil pathétique de leur vie.
C’est aussi, en filigrane, une tranche d’histoire trouble de la Belgique coloniale et ses exactions, suivies de celles, plus lourdes encore, des régimes successifs et des sbires qui les ont servis. C’est l’opposition des riches quartiers bruxellois et de ceux occupés par une population d’émigrés africains ; c’est la culture et l’opulence contre la débrouille quotidienne et le bistrot ; c’est la richesse contre la pauvreté ; c’est le règne du plus fort contre le plus faible. C’est aussi une tragédie ordinaire dominée par la cupidité et l’imbécillité, lesquelles n’ont pas de frontières.
C’est un roman bien écrit, bien construit et remarquablement fidèle dans son observation du microcosme bruxellois. En peu de mots l’auteur campe des personnages hauts en couleurs mais qu’on croise dans toutes les villes du monde.
Découvert par hasard, ce roman est une excellente surprise mais s'il vous prend l'envie de le lire, ne lisez pas le quatrième de couverture (Ed Moisson Rouge)

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7
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le 25 juil. 2016

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