Torrents de feux amoureux !
Dans ses lettres à son amante italienne, Althusser atteint des sommets de lyrisme, de mauvaise foi, d'amour, de violente anvie de pouvoir sur l'autre... Il est cet être traversé par des émotions plus fortes que lui, trop fortes pour lui... ce qui finira par un drame que je vous laisse le soin de découvrir sur Wikipédia ou autre parce que j'aime pas me servir du malheur des gens... Mais bref.
Althusser ressasse, développe, enrichit toujours les mêmes sujets à longueur de lettres, en ajoute de nouveaux au gré des développements de son amour, de ses problèmes psychiatriques, de ses relations avec sa femme et ses anciennes maîtresses – cela se voit jusque dans son écriture faite de juxtapositions brutales, de répétitions, de jeux de dérivation lexicale, de fausse étymologie, d’argot naïf, etc… Sa plymorphie lexicale semble sans limite pour séduire toujours, quête impossible car le jeu de la séduction finit pas lasser même les plus mordus...
La lecture de toutes ces lettres, dans l’ordre chronologique – au début plus d’une par jour – forme une véritable histoire sous nos yeux. Avec toutefois un immense vide à combler, celui de Franca dont le livre ne reproduit qu’une grosse vingtaine de lettres « stratégiques », situées aux moments clefs de leur relation épistolaire. Comme toujours dans les oeuvres qui fascinent – on dispose d’une immense liberté d’imaginer, accolée à une contrainte immense : la pensée extrêmement précise d’Althusser, restituée intégralement, indéformable sinon par lui.
A vous de vous laisser emporter par cette écriture aussi dense qu'elle semble en crue permanente!
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