En voilà une surprise qu'elle est bonne !
Oui, bon, je sais, je me réveille un peu après la bataille, puisque le premier tome de cette saga au long cours (douze livres au total, répartis en deux séries de six volumes chacune) est paru en 2013. A l'époque, j'étais passé à côté, en dépit d'excellents retours de jeunes lecteurs rapidement conquis.


D’Évelyne Brisou-Pellen, j'avais surtout l'image d'une vétérane de l'édition, auteure de très nombreux romans pour les jeunes lecteurs, notamment historiques, du genre un peu sages et qu'on fait lire à l'école, entre les CM et le début de collège. Un cliché quelque peu péjoratif, donc, qui ne me laissait pas forcément (et bêtement) imaginer la qualité de son travail.


Les premières pages de Liam et la Carte d’Éternité ne m'ont pas rassuré. De prime abord, l'écriture est fluide, sans recherche particulière - on est loin des grands artistes du registre, ceux qui m'impressionnent tant, les Fombelle, Bondoux et Mourlevat, pour ne citer que le trio de cadors qui font office (pour moi) de référence absolue. Quelques facilités m'ont même agacé ; par exemple, le docteur en charge du manoir s'appelle Roy, ce qui fait penser à Liam quelque chose comme "Etait-ce le roi de ces lieux ?" (Je n'ai plus le livre sous les yeux, la citation est donc imprécise, mais la reprise du mot "roi" en italique est véridique.)


Les jeunes lecteurs n'ont sans doute rien à faire de ce genre de détails, qui poussent le lecteur adulte et un rien blasé que je suis à chicaner. Sauf que le gamin en moi n'est jamais loin, et qu'il n'hésite pas à prendre le pouvoir quand il le faut pour remettre de l'ordre dans le monde. Mon môme intérieur s'est donc vite rebellé, et l'intelligence d’Évelyne Brisou-Pellen a fait le reste.


Car l'idée qui sous-tend Le Manoir est de celles que nombre d'aspirants écrivains voudraient avoir eue avant elle. Comme la romancière s'est donné la peine de la masquer, je ne la dévoile pas ici - même si un lecteur aguerri, ou au moins attentif, peut assez vite la deviner, au moins en partie. Ce qui compte le plus, c'est ce qu'Evelyne Brisou-Pellen en fait. Et là, c'est un régal. D'autant plus réjouissant lorsqu'on sait qu'il y a de nombreux tomes à suivre pour développer le concept, lequel implique en partie de jouer avec des références historiques. Et ça, la dame sait faire, ô combien.


J'ai adoré découvrir les (premiers) secrets du Manoir en compagnie de Liam, narrateur attachant et émouvant. J'ai adoré les personnages qui l'entourent, tous singuliers, riches, surprenants (oh, Léonidas, et Raoul, et le bonhomme docteur Roy, et Cléa...) Et j'ai hâte d'écouter Cléa, justement, prendre le relais dans le deuxième tome qui m'attend, là, juste à côté.


En tout cas, si vous êtes amateur de bonne littérature jeunesse, ou si vous avez de jeunes lecteurs (à partir de 12 ans) avides de belles découvertes mêlant Histoire, héros bien campés, jolies réflexions sur la vie et ce qu'il faut de fantastique, n'hésitez pas à pousser les portes du Manoir. Vous risquez de vous y installer pour un bon moment.

ElliottSyndrome
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lectures 2020 (liste évolutive)

Créée

le 9 mars 2020

Critique lue 186 fois

ElliottSyndrome

Écrit par

Critique lue 186 fois

D'autres avis sur Liam et la carte d'éternité - Le Manoir, tome 1

Du même critique

Un jour ce sera vide
ElliottSyndrome
6

Du trop-plein pour conjurer le vide

Pour développer ce genre d'histoire, il y a plusieurs moyens. Soit on raconte ses propres souvenirs d'enfance et, à moins d'avoir vécu quelque chose d'absolument exceptionnel qui justifie un...

le 24 août 2020

15 j'aime

3

Équinoxe
ElliottSyndrome
10

Le trac

Après le succès aussi monstrueux qu'inattendu d'Oxygène (18 millions d'exemplaires vendus dans le monde, une bagatelle), il y avait un risque certain de voir Jean-Michel Jarre souffrir du syndrome de...

le 5 févr. 2020

11 j'aime

1

1492: Conquest of Paradise (OST)
ElliottSyndrome
10

Vers l'éternité

Estimer que 1492 est le meilleur album de Vangelis peut ressembler soit à une évidence, soit à une facilité. En terme de technique et de virtuosité, ce n'est sans doute pas le cas, d'ailleurs. De ce...

le 29 mars 2020

11 j'aime

3